Rachmaninoff for Two - Daniil Trifonov et Sergei Babayan Suites Nos 1 & 2, Symphonic Dances, Adagio de la Symphonie No.2 (transcription Trifonov)

Rachmaninoff for Two - Daniil Trifonov et Sergei Babayan
Suites Nos 1 & 2, Symphonic Dances, Adagio de la Symphonie No.2 (transcription Trifonov)

Rachmaninoff for Two est un enregistrement d'une hauteur de vue indiscutable. Trifonov et Babayan offrent une interprétation raffinée, fusionnant maîtrise technique et vision musicale. Si l'on peut parfois regretter une approche trop soigneuse dans certains passages où l'épanchement romantique aurait gagné à être davantage assumé, l'ensemble de l'album reste un régal pour les oreilles exigeantes. Deutsche Grammophon signe ici un enregistrement majeur pour les amateurs de piano et de Rachmaninov.

Deutsche Grammophon
Note : 4,5/5

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La perspective d'une collaboration entre Daniil Trifonov, l'enfant prodige du piano moderne, et son mentor Sergei Babayan, pianiste aussi rigoureux que poétique, était déjà alléchante sur le papier. Avec Rachmaninoff for Two, les deux artistes se lancent dans un hommage vibratoire au compositeur russe, explorant à quatre mains ou à deux pianos certaines des pages les plus passionnées et célèbres du répertoire.

L'album s'ouvre sur la Suite No.1, op.5 pour deux pianos, une œuvre souvent perçue comme un poème musical à quatre mains. Ici, Trifonov et Babayan insufflent une fluidité quasi chorégraphique à chaque mouvement. Le premier tableau (Barcarolle) glisse avec une poignante douceur, les sonorités s'évaporant dans un halo de mélancolie. Cependant, la Nuit... Amour qui suit semble presque trop ciselée, manquant parfois de cette chaleur enveloppante que d'autres interprètes, comme Argerich et Pletnev, ont su apporter à cette pièce. Néanmoins, l'équilibre des timbres et la maîtrise technique impressionnent tout au long de la suite.

La Suite No.2, op.17 montre les deux pianistes à leur sommet. Le Valse est éblouissant de virtuosité, avec une articulation qui néglige aucun détail. La conversation entre les deux pianos y est aussi vive qu'intelligente, chaque voix trouvant sa place avec une clarté remarquable. Le Tarentelle final est un feu d'artifice à peine contenu, où Trifonov et Babayan rivalisent d'agilité et de puissance, tout en préservant une justesse musicale indéniable.

La transcription pour deux pianos des Symphonic Dances, réalisée par Rachmaninov lui-même, constitue le cœur battant de cet album. La modernité éclatante de l'œuvre trouve un écho saisissant dans le jeu des deux interprètes. Trifonov, toujours aussi débordant d'énergie et de couleurs, s'épanouit pleinement dans cette partition rythmique et tourmentée. Babayan, plus ancré, contrebalance cette fougue par une assise sonore profonde et une réflexion presque orchestrale du texte. L'alliage des deux pianistes donne ici une interprétation magistrale, dépassant certaines versions de référence (notamment celles de Ashkenazy/Previn ou Argerich/Freire) par sa cohérence et sa densité.

En conclusion, Daniil Trifonov propose sa propre transcription pour deux pianos de l'Adagio de la Symphonie No.2. Un choix à la fois audacieux et personnel. La transcription, admirablement faite, respecte les couleurs orchestrales de l'original tout en adaptant la résonance à la tessiture pianistique. Néanmoins, si l'écriture est impressionnante, l'exécution demeure plus introspective que passionnée, privant quelque peu l'œuvre de son lyrisme naturel.

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