Piotr Ilitch Tchaïkovski - Eugène Onéguine - Gustavo Gimeno , direction musicale - Christof Loy, mise en scène - Teatro Real Madrid

Piotr Ilitch Tchaïkovski - Eugène Onéguine - Gustavo Gimeno , direction musicale - Christof Loy, mise en scène - Teatro Real Madrid

Un "Eugène Onéguine" magistralement dirigé, mais une mise en scène discutable.











Teatro Real Madrid
Note : 4/5


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La nouvelle production d’Eugène Onéguine au Teatro Real de Madrid a suscité des réactions contrastées, entre émerveillement musical et interrogations scénographiques. Si la direction orchestrale et les prestations vocales ont globalement convaincu, la mise en scène a divisé, opposant les partisans d’une lecture psychologique à ceux qui attendaient un classicisme plus assumé.

C’est sur le plan visuel que les avis se sont montrés les plus partagés. Le premier acte, ancré dans un naturalisme évoquant la Russie rurale du XIXᵉ siècle, a d’abord semblé prometteur. Toutefois, la seconde partie de l’opéra, basculant dans une abstraction totale, avec des espaces vides et des jeux d’ombres suggérant une intériorité tourmentée, a troublé une partie du public.

À la baguette, Gustavo Gimeno a livré une interprétation d’une fluidité et d’une intensité remarquables, soulignant avec finesse la dramaturgie musicale de Tchaïkovski. L’orchestre du Teatro Real a répondu avec une précision et une expressivité qui ont porté toute la charge émotionnelle de l’œuvre. La scène du duel, tendue à l’extrême, et le dernier tableau, bouleversant, ont été parmi les moments les plus marquants de la soirée.

Du côté vocal, la Tatiana de Kristina Mkhitaryan a dominé la distribution. Sa scène de la lettre, d’une sincérité désarmante, a révélé une soprano à la fois puissante et raffinée, maîtrisant autant l’élan passionnel que la retenue douloureuse du dernier acte. Son duo final avec Onéguine, profondément tragique, a été un sommet d’intensité dramatique.

Le Lenski de Bogdan Volkov, sensible et lumineux, a offert un Kuda, kuda poignant, tandis que le baryton incarnant Onéguine a convaincu par la noblesse de son timbre, bien qu’une plus grande complexité psychologique eût été souhaitable dans l’évolution du personnage. Enfin, le Prince Grémine (Maxim Kuzmin-Karavaev), dans son air solennel, a impressionné par la profondeur de sa voix, apportant ce moment d’apaisement qui précède la tempête émotionnelle de la scène finale.

La mise en scène  de Christof Loy pouvait suggérer un éclairage subtil du drame intérieur des personnages, en particulier du destin brisé d’Onéguine. On a aussi regretté un dépouillement excessif, allant jusqu’à rendre certains passages scéniquement statiques et émotionnellement distants. Ce choix radical, loin de faire consensus, a provoqué des applaudissements nourris, mais aussi quelques protestations à la fin de la représentation.

Cet Eugène Onéguine madrilène impressionne par sa direction musicale et son exigence vocale, mais déroute par ses partis-pris esthétiques. Une proposition forte, qui ne plaira pas à tous, mais qui a le mérite de donner à réfléchir sur la modernité d’une œuvre intemporelle.

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