Edgar Varèse - Miroslav Srnka - Ludwig van Beethoven - Berliner Philharmoniker - David Robertson, direction - 15/02/2025

Edgar Varèse - Miroslav Srnka - Ludwig van Beethoven - Berliner Philharmoniker - David Robertson, direction - 15/02/2025

David Robertson a relevé le défi avec brio, offrant une leçon magistrale de précision et d’intelligence orchestrale. Si la Pastorale est assez conventionnelle et manque parfois d’un supplément d’âme, Arcana et Superorganisms ont été servis avec une acuité et une force de conception admirables. Un concert d’une rare exigence, où le Philharmonique de Berlin a, comme toujours, prouvé son excellence absolue.
















Berliner Philharmoniker 15/02/2025
Note : 4,5/5



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Les remplacements de dernière minute sont souvent source d’incertitude, mais dans ce programme dense et exigeant, David Robertson a non seulement assuré la continuité, mais il a aussi offert une lecture fascinante des trois œuvres au programme.

Le concert s’ouvre sur Arcana, immense fresque orchestrale où l’héritage de L’Oiseau de feu et du Sacre du printemps transparaît dans une écriture d’une densité et d’une vigueur hors norme. Robertson impose d’emblée une lecture incisive et rigoureusement contrôlée, refusant tout effet spectaculaire gratuit. Les masses sonores se déploient avec une clarté architecturale saisissante : l’ampleur cataclysmique des basses (contrebasses et cuivres graves) trouve son équilibre face aux éclairs fulgurants des bois et du registre aigu des trompettes.

Là où d’autres chefs auraient cherché à exacerber la dimension percussive et sismique de la partition, Robertson privilégie une construction implacable, presque analytique, donnant à entendre les moindres inflexions du discours. Le Philharmonique de Berlin, machine sonore sans faille, impressionne par sa précision chirurgicale. Arcana devient ici un laboratoire de timbres où la moindre dissonance est modelée avec une exactitude quasi scientifique.

En contraste total avec la déflagration de Varèse, Superorganisms de Miroslav Srnka s’impose comme une expérience sensorielle subtile et raffinée. Ce vaste poème orchestral explore l’idée du collectif et du mouvement organique, chaque ligne instrumentale semblant interagir avec les autres comme les cellules d’un organisme vivant.

L’orchestre est traité comme un tissu en perpétuelle évolution, où les cordes, souvent divisées en une multitude de lignes indépendantes, se fondent dans des textures mouvantes. Robertson, familier de cette œuvre pour l’avoir dirigée à Prague, en cisèle chaque détail avec une attention remarquable.

Deux moments marquent particulièrement l’exécution berlinoise : l’apparition des deux accordéons dans le deuxième mouvement, créant un effet de respiration collective fascinant, et la montée inexorable du dernier mouvement, où les marimbas imposent un flux ascendant qui s’écrase brutalement dans un silence coupé net. Une véritable métaphore du cycle de vie, superbement rendue.

Après l’avant-gardisme de Srnka, Robertson et le Philharmonique de Berlin reviennent sur un terrain plus familier avec la Sixième Symphonie de Beethoven. Loin de l’approche massive et romantisée d’un Furtwängler ou d’un Klemperer, Robertson opte pour une lecture chambriste, privilégiant la clarté des textures et une articulation vivante. Les tempi semblent cependant très lents et les articulations assez conventionnelles, éloignés des versions proposées par un Carlos Kleiber ou Nikolaus Harnoncourt.

Si l’introduction pose d’emblée un cadre lumineux et aéré, l’ensemble manque parfois de cette dimension narrative et évocatrice qui fait le charme absolu de la Pastorale. La Scène au bord du ruisseau se pare d’une élégance presque mozartienne, mais l’épisode de la Tempête, pourtant percutant, reste relativement contenu. Seul le Chant pastoral. Sentiments joyeux et reconnaissants après l'orage, d’une ampleur et d’un naturel admirables, parvient à transcender cette interprétation qui, si elle reste cohérente et soignée, ne renouvelle pas fondamentalement notre perception de l’œuvre.

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