Wolfgang Amadeus Mozart - "Fantasy" - Fantaisies, Rondos & Adagio pour clavier KV396, 397, 475, 485, 511 & 540 - Ismaël Margain, piano

Wolfgang Amadeus Mozart - "Fantasy" - Fantaisies, Rondos & Adagio pour clavier KV396, 397, 475, 485, 511 & 540 -  Ismaël Margain, piano

Un hommage captivant à Mozart, porté par une interprétation riche en nuances et une narration musicale pleine de caractère.

Naïve
Note : 4/5

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Dans Fantasy, Ismaël Margain propose un voyage captivant à travers le répertoire pour piano seul de Mozart, où les genres de la fantaisie et du rondo se croisent dans un programme soigneusement agencé. Les œuvres sélectionnées, allant de la Fantaisie en ut mineur K.396 à l’Adagio en si mineur K.540, dessinent un portrait à la fois dramatique et poétique du compositeur.

L’enregistrement s’ouvre avec la Fantaisie en ut mineur K.396, où Margain met en valeur la richesse de la ligne mélodique dans un Adagio empreint de gravité. Dès les premières notes, le pianiste instaure une atmosphère théâtrale, jouant avec finesse sur les contrastes entre ombre et lumière. Ce même sens du drame innerve également la Fantaisie en ut mineur K.475, véritable pivot de cet album. Margain en souligne les ruptures rythmiques et dynamiques avec une précision presque orchestrale, tout en conservant une fluidité narrative.

La Fantaisie en ré mineur K.397, parfois perçue comme une miniature plus légère, prend ici une dimension plus ambitieuse. Margain alterne les passages méditatifs et les éclats virtuoses avec audace, même si certaines transitions pourraient gagner en subtilité.

Les rondos qui ponctuent ce programme dévoilent une autre facette de l’art de Margain. Le Rondo en la mineur K.511 se distingue par son approche introspective. Margain y adopte un toucher délicat et une articulation claire, insufflant à l’Andante une douceur presque mélancolique. En contraste, le Rondo en fa majeur K.494 respire la joie et la légèreté, porté par une vivacité rythmique et un charme naturel qui captivent l’auditeur.

Le Rondo en ré majeur K.485, plus énergique, est traité avec une élégance maîtrisée. Ici, Margain trouve un équilibre convaincant entre virtuosité et limpidité, bien que certains choix de phrasé, un brin appuyés, puissent paraître moins spontanés.

L’Adagio en si mineur K.540 clôt le programme sur une note introspective et solennelle. Margain y déploie une palette sonore d’une grande richesse, où chaque nuance est pensée avec soin. L’interprétation, d’une rare intensité, semble capturer toute la profondeur émotionnelle de cette œuvre atypique et prophétique, véritable adieu musical de Mozart.

La captation sonore, réalisée dans une acoustique généreuse, met en valeur le jeu nuancé de Margain. Les basses résonnent avec une profondeur chaleureuse, tandis que les aigus brillent sans agressivité. Une légère réverbération est parfois perceptible, mais elle n’altère pas l’intelligibilité des lignes mélodiques, renforçant l’impression d’immersion.

Avec Fantasy, Ismaël Margain offre un enregistrement à la fois audacieux et sensible, où chaque pièce est abordée avec une réflexion profonde et une expressivité sincère. Si certains choix stylistiques, comme des rubatos prononcés ou une pédalisation généreuse, pourraient diviser les puristes, le résultat séduit par sa cohérence et son éloquence.


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