Shostakovich : Complete String Quartets, Vol. 1 (Nos. 1-5) - Cuarteto Casals

Shostakovich : Complete String Quartets, Vol. 1 (Nos. 1-5) - Cuarteto Casals

Le Cuarteto Casals signe ici une interprétation fascinante, à la fois rigoureuse et originale, des cinq premiers quatuors de Shostakovich. Leur maîtrise technique et leur capacité à creuser les subtilités de cette musique complexe en font une version de référence pour les amateurs éclairés, même si les puristes pourront regretter un manque de "chaleur russe". Ce premier volume laisse présager une intégrale captivante.
















Harmonia Mundi HMM902731.32
Note : 4,5/5
 



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Depuis plusieurs années, le Cuarteto Casals s’est imposé comme l’un des ensembles les plus fascinants de la scène internationale, grâce à une approche autant technique qu'introspective des répertoires qu’il aborde. Leur plongée dans l’univers exigeant des quatuors de Dmitri Shostakovich était donc attendue avec impatience, d’autant plus qu’ils s’attaquent ici aux cinq premiers opus du cycle des quinze, dans une intégrale annoncée comme une trilogie chez Harmonia Mundi.

Le Cuarteto Casals aborde les quatuors de jeunesse de Shostakovich (écrits entre 1938 et 1952) avec un mélange captivant de rigueur et de vitalité. Dès le Quatuor n°1, on est frappé par leur souci de clarté contrapuntique, révélant une fraîcheur presque naïve dans cette œuvre souvent perçue comme légère, mais qui, sous leur archet, laisse entrevoir une profondeur insoupçonnée. Leurs attaques incisives et leur phrasé soigneusement articulé illuminent les passages fugaces de lyrisme tout en soulignant la structure cristalline de l'écriture.

Les Quatuors n°2 et n°3 montrent leur capacité à conjuguer gravité et virtuosité. Dans le second, marqué par les angoisses de la guerre, leur interprétation du sombre Recitativo e Fantasia est poignante, presque oppressante, rappelant les interprétations du Quatuor Borodine tout en affirmant une identité propre. Dans le troisième quatuor, leur jeu incisif donne une lecture particulièrement dramatique du final, où l’ironie mordante de Shostakovich se déploie sans concessions.

Le Quatuor n°4, avec ses motifs klezmer à la fois festifs et douloureux, est l'un des sommets de ce disque. Le Cuarteto Casals y brille par son expressivité nuancée, transformant les transitions entre les mouvements en un récit quasi cinématographique. Enfin, le monumental Quatuor n°5, souvent vu comme un pont vers la maturité du cycle, est abordé avec une tension palpable qui culmine dans un final hypnotique.

Si l’interprétation impressionne par sa profondeur et sa cohésion, certains mélomanes pourraient trouver que le Cuarteto Casals pousse parfois la rigueur analytique au détriment d’une spontanéité plus organique. Là où des ensembles comme le Quatuor Jerusalem ou le Quatuor Emerson optent pour une intensité brute, les Casals choisissent une approche plus cérébrale, presque distanciée.

La prise de son de Harmonia Mundi est exceptionnelle, capturant avec une précision millimétrée le spectre sonore large et coloré de l’ensemble, mais elle expose aussi parfois une froideur dans certains passages, notamment dans les mouvements lents.

Dans un paysage où de nombreuses intégrales des quatuors de Shostakovich ont marqué l’histoire du disque – qu’on pense aux versions du Quatuor Borodine (référence historique), du Fitzwilliam ou encore des Hagen –, le Cuarteto Casals parvient à se démarquer par une lecture résolument contemporaine et analytique. Si ce premier volume ne prétend pas remplacer les monuments du passé, il s’inscrit comme une pierre angulaire d’un projet ambitieux qui promet d’être mémorable.

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