Brahms : Sonates pour violoncelle et piano - Alisa Weilerstein (violoncelle), Inon Barnatan (piano)

Brahms : Sonates pour violoncelle et piano
Alisa Weilerstein (violoncelle), Inon Barnatan (piano)

Un enregistrement puissant et techniquement irréprochable, mais qui pêche par un manque de délicatesse dans certaines pages plus intimes.
















Pentatone 5187215
Note : 3,5/5



Visionner le clip vidéo
Acheter cet album
Accéder à la chaîne Altea Media I Love TV

Les sonates pour violoncelle et piano de Brahms constituent un défi à la fois technique et émotionnel pour les interprètes. Elles demandent un subtil équilibre entre virtuosité, introspection et une réelle alchimie entre les deux musiciens. Alisa Weilerstein et Inon Barnatan s’attaquent à ces œuvres majeures avec une interprétation qui ne manque pas de caractère, mais qui soulève aussi quelques interrogations.

La Sonate n°1 en mi mineur, op. 38 s’ouvre sur un ton résolument sombre et puissant, porté par le violoncelle au jeu fougueux de Weilerstein. Chaque phrase semble chargée d’une tension dramatique presque implacable. Cette approche met en lumière le côté orageux de l’œuvre, en particulier dans les mouvements extrêmes, mais certains passages plus retenus manquent parfois de légèreté.

De son côté, Barnatan adopte un jeu précis et articulé, faisant ressortir les lignes polyphoniques du piano avec un soin méticuleux. Toutefois, par moments, le piano paraît trop en retrait face à la vigueur du violoncelle, ce qui peut déséquilibrer l’ensemble dans les sections les plus dynamiques.

La Sonate n°2 en fa majeur, op. 99, plus expansive et souvent considérée comme la plus lumineuse des deux, conserve sous leurs doigts une intensité similaire. Les élans romantiques et les crescendos fougueux y sont traités avec une expressivité marquée, mais cela se fait parfois au détriment d’une certaine fluidité. Dans les moments plus lyriques, on aurait souhaité une approche plus retenue, plus intime, pour mieux mettre en relief le caractère pastoral et tendre de certains passages.

Cependant, l’énergie du duo impressionne dans les passages les plus virtuoses, notamment dans le finale de la deuxième sonate, où l’écriture quasi symphonique de Brahms trouve une résonance éclatante.

L’interprétation proposée ici divise : certains y trouveront une vitalité et une force dramatique captivantes, tandis que d’autres regretteront l’absence d’un dialogue plus nuancé entre les deux instruments. La complicité entre Weilerstein et Barnatan est palpable, mais leur approche semble parfois plus conflictuelle que fusionnelle, ce qui peut surprendre pour ces œuvres où la voix du violoncelle et celle du piano doivent idéalement se fondre dans une conversation fluide et organique.

Le travail d’enregistrement de Pentatone est irréprochable : la prise de son est détaillée, chaleureuse et parfaitement équilibrée. Chaque nuance, chaque respiration de l’archet ou du clavier est rendue avec une fidélité exceptionnelle, ce qui ajoute un réel plaisir à l’écoute.

Cet enregistrement impressionne par son intensité et son engagement, mais il s’éloigne parfois d’une lecture plus poétique et contemplative des sonates de Brahms. Ceux qui recherchent une interprétation audacieuse et dramatique seront séduits, tandis que les amateurs de subtilité et d’équilibre pourraient rester sur leur faim.

Visionner le clip vidéo
Acheter cet album
Accéder à la chaîne Altea Media I Love TV

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Broadway Rhapsody: Cyrille Dubois & ArteCombo

Maurice Ravel – The Complete Solo Piano Works - Seong-Jin Cho

Giacomo Puccini – Tosca • Eleonora Buratto (Tosca) • Jonathan Tetelman (Cavaradossi) • Ludovic Tézier (Scarpia) • Orchestra e Coro dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia • Daniel Harding