Elsa Barraine - Symphonies n°1 & 2, Pogromes, Musique funèbre pour la Mise au tombeau du Titien - Alberto Carnevale Ricci (piano), WDR Sinfonieorchester Köln, Elena Schwarz
Elsa Barraine - Symphonies n°1 & 2, Pogromes, Musique funèbre pour la Mise au tombeau du Titien - Alberto Carnevale Ricci (piano), WDR Sinfonieorchester Köln, Elena Schwarz
Cet enregistrement offre une occasion précieuse de redécouvrir le talent d'Elsa Barraine. Bien que certaines œuvres puissent paraître influencées par leurs contemporains, elles témoignent d'une voix personnelle et d'une sensibilité musicale indéniables. Une écoute recommandée pour ceux qui souhaitent enrichir leur connaissance de la musique française du XXe siècle.
CPO
Note: 4,5/5
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Redécouvrir Elsa Barraine à travers ce disque est une expérience fascinante : la compositrice, longtemps éclipsée par ses contemporains masculins, révèle ici toute l’étendue de sa personnalité musicale. Elena Schwarz guide le WDR Sinfonieorchester Köln avec une clarté et un engagement qui mettent en lumière la précision formelle, la sensibilité émotionnelle et l’intensité dramatique de chaque œuvre.
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Redécouvrir Elsa Barraine à travers ce disque est une expérience fascinante : la compositrice, longtemps éclipsée par ses contemporains masculins, révèle ici toute l’étendue de sa personnalité musicale. Elena Schwarz guide le WDR Sinfonieorchester Köln avec une clarté et un engagement qui mettent en lumière la précision formelle, la sensibilité émotionnelle et l’intensité dramatique de chaque œuvre.
Symphonie n°1 (1931)
Dès les premières mesures de l’Andante, on est frappé par la fluidité et la transparence de l’orchestration. Les cordes dessinent des lignes sinueuses, alternant douceur et tension, tandis que le piano d’Alberto Carnevale Ricci s’insère comme un fil conducteur, ponctuant et enrichissant la mélodie sans jamais dominer. Les bois s’expriment avec légèreté, les motifs s’entrelacent avec naturel, et chaque transition témoigne d’une maturité étonnante pour une œuvre de jeunesse.
Le Scherzando, vif et agile, déploie un sens du rythme et de la couleur qui capte l’attention. Les pizzicati du violoncelle et du violon apportent une légèreté malicieuse, tandis que les envolées des vents révèlent des accents lyriques et expressifs. Le final Allegro giocoso e leggiero s’ouvre sur une énergie communicative : les motifs se croisent, s’enrichissent mutuellement, et l’orchestre rayonne sans jamais perdre sa transparence. L’écriture de Barraine conjugue audace, charme mélodique et maîtrise du contrepoint, révélant déjà une voix orchestrale affirmée.
Symphonie n°2 « Voïna » (1938)
Cette symphonie, plus tardive, est un véritable portrait sonore de l’Europe à la veille de la guerre. L’Allegro vivace initial impose un rythme pulsé et énergique, les motifs sont fragmentés, les tensions orchestrales palpables. Le souffle dramatique traverse l’ensemble, porté par des vents incisifs et des cordes nerveuses. La Marche funèbre médiane offre un contraste saisissant : le piano ponctue avec retenue, les bois et les cuivres expriment une douleur contenue mais poignante, et chaque crescendo semble peser de tout son poids émotionnel.
Le Finale déploie une dramaturgie maîtrisée : l’orchestre construit progressivement une tension soutenue, mêlant éclats brillants et moments introspectifs. La transparence des textures permet de distinguer les voix individuelles, et la direction précise d’Elena Schwarz accentue la lisibilité de la forme tout en laissant respirer le drame. Le style clair et aéré de Barraine, jamais surchargé, confère à l’œuvre un équilibre subtil entre gravité et clarté orchestrale.
Pogromes — Illustration symphonique d’après André Spire (1933)
Dans cette œuvre engagée, l’émotion brute se combine à un sens raffiné de l’orchestration. Les cordes sombres et tendues dessinent des climats dramatiques, tandis que les vents portent des accents lyriques et plaintifs. La ligne de piano se fait parfois incisive, parfois méditative, en dialogue constant avec l’orchestre. Le tableau sonore dépeint la violence et la douleur des pogromes tout en affirmant la dignité et l’identité de l’auteur. Chaque détail instrumental est travaillé avec soin, de la tension des cuivres aux nuances subtiles des bois, offrant une écoute à la fois bouleversante et admirablement structurée.
Musique funèbre pour la Mise au tombeau du Titien (1953)
Cette passacaille tardive s’ouvre sur un solo de piano solennel, égrenant le Dies irae avec une lenteur hiératique. L’orchestre, tantôt violent, tantôt méditatif, crée un dialogue poignant avec le piano. Les cordes s’étirent, les bois murmurent, et chaque accord de cuivre résonne comme un souffle funéraire. La dramaturgie sonore, très maîtrisée, installe une atmosphère grave et introspective, où chaque instrument participe à la construction d’un cortège musical impressionnant par sa densité et sa sobriété. Cette œuvre témoigne de la maturité de Barraine et de sa capacité à combiner émotion et structure, drame et méditation.
Ce disque constitue une plongée essentielle dans l’œuvre de Barraine. Chaque symphonie et chaque pièce orchestrale est rendue avec un équilibre parfait entre rigueur formelle et intensité émotionnelle. La prise de son, légèrement distante, conserve un beau relief et restitue l’énergie des fortissimos ainsi que la subtilité des passages plus intimes. La direction d’Elena Schwarz et l’orchestre de Cologne réussissent à mettre en lumière toutes les nuances de la partition, révélant une compositrice capable d’un lyrisme profond, d’un engagement politique et d’une audace technique impressionnante.
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