Rebelle - Eva Zaïcik – Orchestre National de Lille – Pierre Dumoussaud
Rebelle - Eva Zaïcik – Orchestre National de Lille – Pierre Dumoussaud
Dans Rebelle, Eva Zaïcik redonne vie au répertoire oublié de Célestine Galli-Marié avec une intensité théâtrale rare et une voix somptueuse. Soutenue par la direction nuancée de Pierre Dumoussaud, elle incarne avec brio un florilège d’airs méconnus du XIXᵉ siècle français. Un hommage vibrant, érudit et incarné à une époque effervescente de l’opéra-comique.
Alpha Classics ALPHA1128
Note: 4/5
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En choisissant de rendre hommage à Célestine Galli-Marié, Eva Zaïcik ne signe pas simplement un album de raretés françaises : elle engage une relecture incarnée, documentée, d’un répertoire souvent relégué au rang de curiosité. Mezzo dramatique à la présence théâtrale indiscutable, muse de Bizet et révélatrice d’un certain esprit frondeur du Second Empire, Galli-Marié devient ici le fil rouge d’un parcours vocal ambitieux, qui fait dialoguer airs célèbres et pans entiers du répertoire lyrique français oubliés.
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En choisissant de rendre hommage à Célestine Galli-Marié, Eva Zaïcik ne signe pas simplement un album de raretés françaises : elle engage une relecture incarnée, documentée, d’un répertoire souvent relégué au rang de curiosité. Mezzo dramatique à la présence théâtrale indiscutable, muse de Bizet et révélatrice d’un certain esprit frondeur du Second Empire, Galli-Marié devient ici le fil rouge d’un parcours vocal ambitieux, qui fait dialoguer airs célèbres et pans entiers du répertoire lyrique français oubliés.
Eva Zaïcik impose d’emblée son autorité vocale. La voix est d’un galbe somptueux, la projection naturelle, et l’articulation irréprochable. Mais ce qui frappe d’abord, c’est la variété des incarnations : chaque air, chaque fragment d’opéra devient un micro-récit. La Colombine de La Surprise de l’amour chez Poise est à la fois piquante, joueuse, presque insolente. À l’autre extrême, la berceuse de Don César de Bazan laisse paraître une tendresse vibrante, sans affectation.
La voix se déploie avec une homogénéité exemplaire sur toute la tessiture, du médium corsé à l’aigu parfaitement maîtrisé. La virtuosité vocale n’est jamais démonstrative : elle sert l’expression, le théâtre. L’air du III de Mignon révèle notamment un art très français du phrasé, à la fois noble et incarné, sans maniérisme. On notera aussi l’aisance dans les rôles en travesti, et ce naturel dans la caractérisation, qu’elle aborde un Offenbach léger ou un Guiraud plus sombre.
À la tête de l’Orchestre National de Lille, Pierre Dumoussaud fait le choix de l’élégance et de la clarté plutôt que de l’effet. Il ne cherche pas à forcer les contrastes ou à théâtraliser l’orchestre outre mesure : la couleur, la transparence et le soin du détail priment. Certaines pages orchestrales, comme l’entracte de Fior d’Aliza ou le prélude du Passant, sont ciselées avec une belle musicalité, sans jamais voler la vedette à la voix.
Cela dit, on aurait parfois aimé une direction plus incisive dans les numéros comiques ou bravaches, où l’orchestre pourrait assumer davantage son rôle dramatique. Quelques transitions orchestrales manquent de nerf, mais cela n’entame pas la cohérence globale du discours.
Le choix du répertoire impressionne par sa richesse et sa pertinence historique. Bizet, Thomas, Offenbach, Massenet sont les noms attendus, mais l’intérêt principal réside dans les résurrections : Guiraud, Paladilhe, Grisar, Jules Cohen… tous illustrent une époque foisonnante de l’opéra-comique, entre satire sociale, pathos bourgeois et goût du travestissement.
La construction de l’album, cependant, fait plus penser à une exposition qu’à un récit. On saute d’un monde à l’autre sans toujours trouver un fil dramaturgique unifié. Ce n’est pas un défaut si l’on accepte l’album comme une suite de portraits vocaux — mais cela peut désorienter les auditeurs en quête de continuité musicale ou narrative.
L’album Rebelle ne prétend pas seulement célébrer une chanteuse légendaire : il interroge la mémoire lyrique française. Il rappelle que le XIXᵉ siècle français n’est pas que celui de Gounod et Saint-Saëns, mais aussi une époque d’effervescence, de renouvellement des formes, d’audaces perdues. Zaïcik y joue un rôle de passeuse avec une honnêteté artistique rare : on sent chez elle autant de passion que de rigueur stylistique.
On sort de l’écoute avec la sensation d’avoir non seulement découvert des œuvres, mais aussi approché un certain esprit de scène, à la fois populaire, sensible et frondeur, qui caractérisait les grandes voix de cette époque. Une entreprise de mémoire incarnée dans une voix du présent, rebelle à l’oubli.
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