Mystères – Salomé Gasselin
Mystères – Salomé Gasselin
Dans Mystères, Salomé Gasselin explore les résonances spirituelles de Bach, Biber et d’anonymes baroques à travers des transcriptions pour consort de violes et orgue. Un voyage méditatif, exigeant, à la frontière du silence et de l’introspection. Une viole grave, habitée, loin des effets.
Mirare MIR744
Note : 4/5
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La viole de gambe, instrument des marges et de la résonance intérieure, trouve en Salomé Gasselin une interprète singulière, soucieuse d’invention, de spiritualité et de cohérence sonore. Dans Mystères, son second album, elle propose un parcours atypique à travers des transcriptions de Bach, de Biber et d’anonymes, dans une version pour consort de violes et orgue qui défie les habitudes d’écoute. Loin de chercher l’éclat ou la démonstration, ce disque invite à une forme de méditation baroque, tissée dans la matière sombre, résonante et parfois troublante de la viole.
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La viole de gambe, instrument des marges et de la résonance intérieure, trouve en Salomé Gasselin une interprète singulière, soucieuse d’invention, de spiritualité et de cohérence sonore. Dans Mystères, son second album, elle propose un parcours atypique à travers des transcriptions de Bach, de Biber et d’anonymes, dans une version pour consort de violes et orgue qui défie les habitudes d’écoute. Loin de chercher l’éclat ou la démonstration, ce disque invite à une forme de méditation baroque, tissée dans la matière sombre, résonante et parfois troublante de la viole.
Dès la Fantaisie en sol majeur BWV 572 de Bach, transcrite pour consort et orgue, le ton est donné : l’accent n’est pas mis sur l’exubérance ou la virtuosité mais sur la respiration collective, l’architecture intérieure. L’orgue, parfaitement intégré au discours, confère à l’ensemble une densité grave qui évoque plus le recueillement d’un chœur nocturne que la brillance d’une tribune. La progression du discours est fluide, maîtrisée, avec des contrastes entre exaltation rythmique et solennité suspendue qui frappent par leur naturel.
Le Prélude de la Suite BWV 997, dans sa version à deux violes, se distingue par une mélancolie à peine voilée, une pudeur expressive qui touche profondément. L’Andante de la Sonate en trio BWV 528 poursuit cette veine élégiaque, avec un équilibre subtil entre tension et apaisement. Ici encore, la viole ne cherche pas à briller mais à dire, avec une économie de moyens, des affects complexes. On sent l’influence du geste chambriste, du dialogue implicite entre les instruments.
La Suite BWV 1008, transcrite pour viole seule, est sans doute l’épicentre émotionnel du programme. Le Prélude captive par son souffle et ses couleurs, comme traversé par un vent ancien, presque métaphysique. En revanche, les danses – Sarabande et Menuets notamment – apparaissent un peu plus prudentes, moins habitées que dans d'autres interprétations de référence. On pense notamment à Paolo Pandolfo, dont la liberté de phrasé et l’engagement dramatique emportent plus immédiatement l’auditeur.
Le versant Biber du disque offre une belle variété d’approches. La Sonatina attribuée au compositeur, tirée des archives de Kroměříž, gagne en solennité grâce au continuo d’orgue mais perd peut-être au passage ce grain de folie propre au stylus phantasticus, que d’autres interprètes ont mieux su libérer. En revanche, la Passacaille « L’Ange gardien », ultime sonate du Rosaire, est une réussite poignante. Salomé Gasselin y impose un climat hypnotique, suspendu, où chaque reprise creuse un peu plus le silence. Les limites techniques de la viole sont effleurées, mais ne cèdent jamais ; c’est un équilibre fragile, et précisément pour cela, saisissant.
En guise d’épilogue, Herr Christ, der ein’ge Gottes Sohn BWV 601 (tiré de l’Orgelbüchlein) résonne comme un chant d’adieu lumineux, joyeux sans exubérance, profondément humain. Un geste final qui résume bien l’esthétique de l’album : sans pathos, mais jamais froid ; sobre, mais toujours vivant.
Mystères n’est pas un disque spectaculaire. Il demande au mélomane une forme d’attention recueillie, une disposition intérieure à l’écoute lente, à la contemplation. Il est aussi le reflet d’un travail collectif de très haute tenue : l’orgue, la contrebasse, les autres violistes sont constamment au service d’un projet commun, jamais réduits au rôle d’accompagnateurs. Si certaines pages paraissent plus sages, plus contrôlées qu’inspirées, l’ensemble demeure d’une rare cohérence, porté par une sensibilité affirmée, une pensée musicale structurée, et un profond respect pour les œuvres et leurs zones d’ombre.
Un enregistrement important, à rebours des effets faciles, qui s’adresse aux auditeurs exigeants en quête d’un baroque intérieur, habité, et d’une viole enfin libérée de ses clichés.
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