MIECZYSŁAW WEINBERG - The Passenger - Mirga Gražinytė-Tyla
MIECZYSŁAW WEINBERG - The Passenger - Mirga Gražinytė-Tyla
The Passenger de Weinberg sous la direction de Mirga Gražinytė-Tyla : une interprétation de référence
Deutsche Grammophon
Note : 5/5
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L’édition par Deutsche Grammophon de The Passenger de Mieczysław Weinberg sous la direction de Mirga Gražinytė-Tyla constitue un événement majeur pour les amateurs d’opéra du XXe siècle. Capté au Teatro Real de Madrid, cet enregistrement confère à cette œuvre poignante une dimension dramatique et émotionnelle rarement atteinte, affirmant la place de Weinberg parmi les compositeurs lyriques les plus marquants de son temps.
Mirga Gražinytė-Tyla poursuit son travail de réhabilitation du répertoire de Weinberg avec une lecture d’une rigueur exemplaire. Son approche met en valeur la richesse orchestrale de la partition, en jouant sur des contrastes saisissants : l’opulence lyrique des scènes du paquebot tranche brutalement avec la sécheresse des moments de détresse dans le camp. Son sens aigu du phrasé et des dynamiques permet une montée en tension progressive, maintenant une intensité dramatique implacable.
L’Orquesta del Teatro Real de Madrid se distingue par une précision et une expressivité remarquables. Les bois, notamment, apportent des couleurs troublantes aux passages les plus âpres, tandis que les cordes créent un tapis sonore tantôt enveloppant, tantôt tranchant. La scène du violon de Tadeusz, point culminant de l’opéra, est rendue avec une économie de moyens qui la rend encore plus bouleversante. L’impact émotionnel est indéniable, et l’orchestre, sous la battue incisive de Gražinytė-Tyla, réussit à exprimer toute la modernité du langage de Weinberg sans sacrifier la lisibilité de son propos.
Amanda Majeski campe une Marta poignante, son soprano clair et souple traduisant autant la vulnérabilité que la résilience de son personnage. Elle sait moduler son timbre avec une précision extrême, rendant chaque inflexion du texte d’autant plus percutante. Sa confrontation avec Lisa (Daveda Karanas) est d’une intensité glaçante, d’autant que cette dernière évite intelligemment toute surenchère vocale.
Gyula Orendt incarne un Tadeusz d’une grande retenue, ce qui rend son destin encore plus tragique. Son timbre velouté, presque détaché, donne à sa scène finale une puissance redoublée. À l’opposé, Nikolai Schukoff, en Walter, adopte une approche plus héroïque, avec une projection vocale ample et un phrasé rigoureux qui confère une crédibilité à ce personnage ambigu.
Le Chœur du Teatro Real, quant à lui, joue un rôle central dans l’atmosphère oppressante de l’œuvre. Il apporte une densité dramatique considérable, particulièrement dans les scènes de groupe où l’angoisse latente transparaît dans chaque nuance dynamique.
L’enregistrement bénéficie d’une prise de son d’une transparence exemplaire, qui préserve aussi bien les détails instrumentaux que la clarté du texte. L’équilibre entre orchestre et voix est finement ajusté, sans jamais écraser les chanteurs ni sacrifier la profondeur du son orchestral. Les silences eux-mêmes prennent une dimension dramatique, rendant certains passages presque insoutenables d’intensité.
Cet enregistrement s’impose comme une nouvelle référence pour The Passenger. Mirga Gražinytė-Tyla et son équipe offrent une lecture d’une justesse émotionnelle et d’une tension dramatique rares. Ce disque n’est pas seulement un témoignage de la richesse du répertoire lyrique du XXe siècle, mais aussi un acte de mémoire nécessaire. L’orchestre, les voix et la direction s’allient pour révéler toute la puissance de cet opéra hors normes.
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