Johann Sebastian Bach: Goldberg Variations - Nevermind
Johann Sebastian Bach: Goldberg Variations - Nevermind
Un enregistrement captivant et raffiné, idéal pour ceux qui recherchent une exploration plus douce et intime des Variations Goldberg.
Alpha Classics ALPHA1116
Note : 4/5
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L'abondance récente de nouvelles versions transformées des Variations Goldberg ne cesse d’étonner par leur inventivité et leur audace. Tandis que des transcriptions comme celle de Dmitry Sitkovetsky se sont longtemps imposées, l’orchestre de chambre de Józef Koffler ou encore la version plus contemporaine de Chad Kelly pour Brecon Baroque ont apporté des perspectives nouvelles. Mais c’est l’interprétation de Nevermind, menée par Jean Rondeau et ses compagnons, qui se distingue particulièrement, non seulement par sa réinvention sonore, mais aussi par sa vision quasi-bachienne de l'œuvre.
Avec une formation composée de flûte, violon, viole de gambe, clavecin et orgue, Nevermind propose une version qui s’apparente à ce que Bach lui-même pourrait avoir imaginé, si la composition avait été conçue pour un ensemble de musique de chambre plutôt que pour un clavecin solo. Le choix de la flûte, notamment, est un régal tout au long de l'enregistrement, offrant une couleur sonore fluide et aérienne, en parfaite harmonie avec l'approche raffinée de l'ensemble.
L'interprétation fait preuve d'une grande délicatesse, et la richesse des couleurs instrumentales permet une exploration subtile des variations. Le dialogue entre les instruments, par exemple dans la variation 2, est d'une clarté cristalline, et chaque variation prend une forme méditative, presque contemplative, sans jamais se laisser emporter par la précipitation. Le tempo modéré adopté tout au long de l'œuvre accentue cette approche mesurée et délicate, apportant à l'œuvre une aura de calme, mais parfois au prix d’une certaine absence de tension dramatique.
Certains auditeurs pourraient trouver cette lecture un peu trop précieuse et douce, surtout dans les variations plus vives. La variation 12, par exemple, avec l’orgue et la viole de gambe, offre une atmosphère sépulcrale presque trop indulgente, loin de l'intensité brute que l'on pourrait attendre. De même, la variation 30, habituellement un tourbillon joyeux, devient ici un motet envoûtant, où l’aspect populaire et terre-à-terre des mélodies de Bach disparaît presque au profit d’une beauté pure et intemporelle.
Malgré ces choix esthétiques controversés, cette version réussit à imposer une nouvelle forme de lecture de l'œuvre, qui explore la finesse et la poésie du texte plutôt que de rechercher l’extériorité du drame. Les passages d'ornementations dans les variations 7 et 8, par exemple, apportent une légèreté agréable, et l’équilibre entre les instruments est remarquablement fluide, sans jamais se heurter.
Le disque de Nevermind se distingue également par une prise de son qui respecte la richesse de la conception musicale. L'enregistrement est ample et atmosphérique, offrant à la fois une profondeur sonore et une clarté, permettant aux subtilités de la musique de s’épanouir pleinement.
Si l’on considère les autres transcriptions récentes, la version de Nevermind se place parmi les plus naturelles et délicatement intégrées, n'étant ni trop audacieuse ni trop conforme. C'est une lecture qui saura séduire les auditeurs en quête de raffinement et de poésie, même si elle ne conviendra pas à ceux qui préfèrent une approche plus dynamique ou une interprétation plus brute.
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