Wolfgang Amadeus Mozart Symphonie no. 39, no. 40, no. 41, Sir Simon Rattle, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks - 7 Février 2025
Wolfgang Amadeus Mozart Symphonie no. 39, no. 40, no. 41, Sir Simon Rattle, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks - 7 Février 2025
Simon Rattle et Mozart : L’audace mesurée d’un « révolutionnaire bienveillant »
Munich, Herkulessaal, 7 Février 2025
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Le 7 février 2025, Sir Simon Rattle et le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks se sont attaqués à l’un des triptyques les plus fascinants du répertoire classique : les trois dernières symphonies de Mozart. Cette association de la 39ᵉ, de la 40ᵉ et de la 41ᵉ symphonie est un exercice que Rattle affectionne depuis longtemps. Loin d’une exécution routinière, il y a injecté son habituelle volonté de renouvellement, tout en préservant une élégance naturelle propre à son style. Le résultat ? Un concert fascinant par bien des aspects, mais qui a suscité quelques réserves, notamment dans la Symphonie en sol mineur.
Dès les premières mesures de la 39ᵉ symphonie, on perçoit l’intention du chef : Mozart n’est ni une relique figée, ni un objet de vénération. Il est un révolutionnaire, certes, mais un révolutionnaire « amical », qui bouscule sans brusquer. Rattle imprime une lecture nerveuse et articulée, privilégiant des contrastes dynamiques marqués et une articulation d’une rare précision. L’orchestre, d’une homogénéité exemplaire, lui répond avec une souplesse impressionnante.
Les dialogues entre cordes et vents sont finement ciselés, et le Menuetto respire avec une aisance quasi chorégraphique. Pourtant, ce qui frappe le plus, c’est l’alliage entre la clarté formelle et une expressivité contenue, presque chambriste par moments. Un Mozart d’une élégance souveraine, qui aurait peut-être gagné à être un brin plus mordant dans ses élans dramatiques.
Si l’on attendait un point culminant du programme, c’était sans doute ici. La 40ᵉ, avec ses tensions harmoniques et ses mouvements soudains, incarne l’un des moments les plus audacieux du classicisme. Mais c’est justement dans cette symphonie que l’approche de Rattle a pu diviser.
Optant pour des tempi plutôt rapides, il maintient une fluidité impeccable, mais en domptant peut-être un peu trop le caractère sauvage de l’œuvre. Là où certains chefs, de Karl Böhm à Nikolaus Harnoncourt, ont cherché à en exacerber la dramaturgie et les dissonances, Rattle choisit une voie plus policée, atténuant les contrastes les plus brutaux. Le premier mouvement conserve une belle énergie, mais il manque parfois cet aspect abrupt et inquiétant qui confère à cette symphonie son caractère unique. L’orchestre, pourtant d’une souplesse irréprochable, semble évoluer sur un terrain un peu trop balisé.
Le résultat ? Une lecture certes impeccable, mais qui ne plonge pas au cœur des abîmes expressifs de cette partition. Comme le relevait la critique munichoise, cette 40ᵉ reste un félin domestiqué, dont les griffes sont peut-être trop soigneusement limées.
Si la 40ᵉ a pu laisser certains auditeurs sur leur faim, la « Jupiter » a remis tout le monde d’accord. Dès le premier mouvement, on sent l’orchestre entièrement investi dans une lecture fougueuse et organique. Le Finale, sommet de la complexité contrapuntique mozartienne, est un modèle d’intelligibilité et de virtuosité. Ici, Rattle ne retient plus rien : il embrasse l’exubérance jubilatoire de l’écriture, tout en maintenant un contrôle rythmique et dynamique absolument sidérant.
Ce qui impressionne particulièrement, c’est la manière dont il parvient à exalter chaque voix du contrepoint, donnant à entendre des détails souvent noyés dans le flux orchestral. L’effet est saisissant, et le public ne s’y est pas trompé : ovations debout, comme pour saluer cette synthèse parfaite entre clarté analytique et fulgurance expressive.
En définitive, cette soirée a offert un Mozart superbement sculpté, servi par un orchestre d’une réactivité exceptionnelle. Rattle continue d’explorer ces œuvres avec un regard neuf, refusant la routine et cherchant à en révéler de nouvelles facettes. Pourtant, si la clarté et la finesse d’exécution sont irréprochables, on peut se demander si, parfois, cette approche ne gomme pas certains aspects plus rugueux et radicaux de ces partitions.
Mais au-delà de ces réserves, le chef britannique démontre une fois encore son intelligence musicale, et le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks confirme son statut de phalange d’exception. Une soirée marquante, qui laisse en suspens une question essentielle : jusqu’où peut-on polir Mozart sans en atténuer le feu intérieur ?
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