Par amour - Vannina Santoni, Orchestre National de Lille, Jean-Marie Zeitouni
Par amour - Vannina Santoni, Orchestre National de Lille, Jean-Marie Zeitouni
Avec Par amour, Vannina Santoni signe un premier récital de très belle tenue, mettant en valeur une voix au timbre chaleureux et expressif, un sens aigu du phrasé et une grande musicalité. Si l’audace répertoire manque parfois, l’engagement vocal et l’intelligence interprétative de la soprano en font une écoute incontournable pour les amateurs d’opéra.
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Avec Par amour, Vannina Santoni livre un premier récital discographique qui ne se contente pas de dérouler un programme séduisant : il s’agit d’un véritable manifeste artistique, explorant les diverses facettes de la passion amoureuse à travers le répertoire lyrique français et italien de la fin du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle.
Dès l’ouverture avec Risurrezione de Franco Alfano, on perçoit la direction artistique claire de ce projet : non pas une simple compilation d’airs d’amour, mais une plongée dans l’intensité dramatique des héroïnes portées par le feu du désir et de l’abandon. Le choix du Giunge il treno… Dio pietoso en introduction est d’ailleurs révélateur : c’est un air de l’attente et de l’incertitude, où la voix ample de Santoni s’épanouit dans une ligne vocale souple, expressive, mais jamais démonstrative. L’accompagnement de l’Orchestre National de Lille, sous la baguette raffinée de Jean-Marie Zeitouni, y est à la fois sobre et enveloppant, mettant en relief le drame intérieur du personnage.
Le grand moment attendu du programme est évidemment Ebben? Ne andrò lontana de La Wally d’Alfredo Catalani, un air devenu incontournable, voire galvaudé par son omniprésence dans la culture populaire. Pourtant, Santoni parvient à y insuffler une tension dramatique renouvelée, loin des lectures trop lisses ou complaisantes. Son timbre corsé trouve ici une profondeur singulière, avec un sens du legato qui traduit autant l’abandon que la détermination de l’héroïne.
Dans le répertoire français, la soprano navigue avec aisance entre différentes facettes du sentiment amoureux. Son interprétation de Juliette dans Roméo et Juliette de Gounod reste vociférée avec un engagement total, mais son timbre légèrement plus mûr surprend pour une héroïne que l’on imagine plus juvénile. En revanche, c’est dans Manon de Massenet qu’elle brille particulièrement : Adieu, notre petite table est un modèle de finesse, un mélange d’introspection et de résignation où l’émotion affleure sans jamais sombrer dans l’effet facile. La ligne de chant y est particulièrement travaillée, toujours soutenue par une conduite orchestrale attentive.
On retrouve cette justesse d’approche dans la Desdémone d’Otello, où Era più calmo?... Ave Maria est livré avec une noblesse de ton irréprochable. Santoni fait le choix d’un chant intériorisé, épuré, jouant sur des nuances qui soulignent la douleur contenue du personnage. L’Orchestre National de Lille y adopte un climat feutré, laissant toute la place à la fragilité du personnage dans cet instant suspendu.
Si le programme est d’une grande cohérence et met parfaitement en valeur les qualités expressives de la soprano, on peut regretter un manque de prise de risque dans le choix des œuvres. Certains airs, bien que magnifiquement interprétés, ont été enregistrés à de nombreuses reprises, et l’on aurait aimé découvrir des pages plus rares du répertoire, qui auraient pu apporter une touche plus singulière à ce premier récital.
L’ajout final de la berceuse corse O Ciucciarella, harmonisée par Henri Tomasi, apporte toutefois une note très personnelle à l’ensemble. Après les élans passionnés du reste du programme, cette conclusion intime, presque murmurée, est une belle respiration qui rappelle que l’amour peut aussi être tendre et apaisé.
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