Berliner Philharmoniker - Dima Slobodeniouk - Frank Peter Zimmermann - Edward Elgar - Jean Sibelius - 31 Janvier 2025

Zimmermann, Slobodeniouk et le Berliner Philharmoniker : une rencontre inspirée au pied levé

Un concert d’une grande tenue donc, où la perfection technique a côtoyé une certaine retenue expressive. Un moment intense, mais qui aurait pu s’embraser davantage.

Edward Elgard: Concerto pour violon et orchestre op.61
Jean Sibelius: Suite Lemminkäinen op.22

Franz-Peter Zimmermann, violon
Dima Slobodeniouk, direction










Note: 4/5

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Le Berliner Philharmoniker offrait ce soir-là une affiche prometteuse : Frank Peter Zimmermann en soliste dans le Concerto pour violon d’Elgar, suivi de la Suite Lemminkäinen de Sibelius sous la direction de Dima Slobodeniouk. Un programme exigeant, d’autant plus que le chef remplaçait Kirill Petrenko au dernier moment. Une contrainte qui aurait pu fragiliser l’ensemble, mais qui a au contraire donné naissance à une prestation pleine d’intensité et de surprises.

Frank Peter Zimmermann est un habitué du Concerto pour violon en si mineur d’Edward Elgar, une œuvre monumentale tant par sa durée que par sa densité émotionnelle. Fidèle à lui-même, il a livré une interprétation d’une grande maîtrise technique, en parfaite osmose avec l’orchestre. Son approche du premier mouvement a mis en valeur la richesse harmonique de la partition, avec un lyrisme contenu mais noble.

L’Adagio a été le sommet de son interprétation : un chant profond, habité, où son violon semblait résonner avec la nostalgie sous-jacente d’Elgar. Cependant, dans le finale, on aurait pu espérer un peu plus de prise de risque. Zimmermann a privilégié la clarté et l’élégance plutôt qu’un abandon total dans le discours dramatique. Une lecture impeccable, mais qui aurait gagné à oser plus de contrastes.

L’orchestre, sous la direction de Slobodeniouk, a suivi le soliste avec une précision irréprochable, mais une certaine prudence dans l’accompagnement a été relevée. Peut-être le manque de répétitions avec un chef de remplacement explique-t-il cette légère retenue.

Après l’entracte, la Suite Lemminkäinen de Sibelius a permis de juger la cohésion entre le chef et le Berliner Philharmoniker. Le résultat a été contrasté : d’un côté, une lecture d’ensemble d’une grande solidité, de l’autre, des moments où l’interprétation semblait manquer de relief.

Les mouvements narratifs, comme "Lemminkäinen et les vierges de l’île", ont été interprétés avec un souffle épique, porté par des cordes d’une belle rondeur et des cuivres incisifs. En revanche, "Le Retour de Lemminkäinen" manquait d’une montée en tension progressive, et la conclusion, pourtant explosive, a paru légèrement précipitée.

Le moment le plus marquant fut sans doute "Le Cygne de Tuonela", où le cor anglais a livré un solo d’une pureté saisissante, baigné dans un climat suspendu d’une poésie glaciale. Là, le chef a su créer une atmosphère fascinante, jouant sur les silences et l’épaisseur orchestrale pour donner à cette fresque nordique toute son envergure mystique.

Malgré une prise de fonction impromptue, Dima Slobodeniouk a su maintenir l’excellence attendue d’un orchestre tel que le Berliner Philharmoniker. S’il n’a pas cherché à imposer une vision trop personnelle, il a tenu l’ensemble avec rigueur et sensibilité, même si certaines transitions manquaient de souplesse.

Frank Peter Zimmermann, quant à lui, a démontré une nouvelle fois son affinité avec Elgar, dans une interprétation fluide et élégante, bien que parfois trop sage.

Un concert d’une grande tenue donc, où la perfection technique a côtoyé une certaine retenue expressive. Un moment intense, mais qui aurait pu s’embraser davantage.

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