Wolfgang Amadeus Mozart – Concertos pour piano n°19 & 23 - Kristian Bezuidenhout (pianoforte), Freiburger Barockorchester

Wolfgang Amadeus Mozart – Concertos pour piano n°19 & 23 - Kristian Bezuidenhout (pianoforte), Freiburger Barockorchester

Une interprétation audacieuse et lumineuse, portée par une recherche d’authenticité qui ne laisse pas indifférent. À découvrir absolument.
















Harmonia Mundi HMM902334
Note: 4,5/5

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Une redécouverte fascinante des concertos de Mozart

Avec cet enregistrement des Concertos pour piano n°19 (K.459) et n°23 (K.488), Kristian Bezuidenhout et le Freiburger Barockorchester nous invitent à une plongée dans l’univers mozartien avec une approche historiquement informée. Alliant rigueur stylistique et expressivité audacieuse, cette lecture éclaire sous un jour nouveau des œuvres parmi les plus célèbres du compositeur.

Dès les premières mesures, la lecture proposée se distingue par sa clarté et sa vivacité. Le pianoforte utilisé, une copie d’un instrument de l’époque, offre une sonorité cristalline et fine, permettant de révéler des détails souvent éclipsés par les pianos modernes. Bezuidenhout, virtuose reconnu dans ce répertoire, allie un toucher délicat à une articulation précise, rendant justice aux subtilités d’écriture de Mozart.

L’orchestre, sous la direction collégiale des Freiburger, est tout aussi remarquable. Les cordes tendues et nerveuses, soutenues par des vents chaleureux, dessinent des textures d’une rare transparence. Le Concerto n°19 se déploie ainsi avec une énergie presque espiègle, tandis que le Concerto n°23 s’impose par la profondeur de ses contrastes. L’Adagio du K.488, souvent alourdi dans d’autres versions, trouve ici une légèreté poignante, presque fragile, qui captive l’auditeur.

Cette interprétation, cependant, ne plaira pas à tous. Le choix du pianoforte, bien qu’authentique, limite parfois la puissance sonore dans les passages orchestraux les plus denses. Certains pourraient également trouver les ornementations ajoutées par Bezuidenhout trop abondantes, voire distrayantes. Ce style très personnel, qui mise sur la spontanéité et l’improvisation, pourrait surprendre les auditeurs habitués à des lectures plus classiques et dépouillées.

Dans le Concerto n°19, l’approche incisive de l’orchestre peut paraître, à certains moments, trop tranchante, au risque de perdre un peu de la douceur et de l’ampleur qu’on associe souvent à ces œuvres. De même, le mouvement lent du K.488, bien que magnifiquement articulé, manque parfois d’un souffle émotionnel qui aurait pu le hisser encore plus haut.
Une interprétation qui interpelle et enrichit

Malgré ces réserves, cet enregistrement reste un jalon important dans l’interprétation des concertos de Mozart. Bezuidenhout et le Freiburger Barockorchester ne cherchent pas à séduire par des effets faciles, mais à explorer la musique dans toute sa richesse et sa complexité. Ce parti pris, à la fois réfléchi et passionné, donne naissance à une version où chaque note semble pensée et habitée.

Pour les amateurs de pianoforte et d’interprétations historiquement informées, cet album sera une révélation. Pour les autres, il pourra être déroutant, mais il mérite d’être écouté avec attention, tant il questionne et renouvelle notre rapport à ces chefs-d’œuvre intemporels.

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