Toccare - Claudia Chan, piano - Malipiero, Bussotti, Filidei, Sciarrino, Lorusso, Cardini

Toccare  - Claudia Chan, piano - Malipiero, Bussotti, Filidei, Sciarrino, Lorusso, Cardini

Un album ambitieux et soigneusement construit, qui séduira les amateurs de musique contemporaine et laisse présager une belle maturité artistique chez Claudia Chan.

B Records

Note : 4/5

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Avec Toccare, Claudia Chan nous invite à un voyage captivant au cœur du piano contemporain. Le programme éclectique, mêlant des figures historiques comme Malipiero et Bussotti à des compositeurs d’aujourd’hui tels que Lorusso et Cardini, s’articule autour de l’idée du toucher : une exploration à la fois tactile et émotionnelle, où chaque œuvre semble interroger la relation entre le pianiste, l’instrument et l’auditeur.

Dès les premières notes de Bianchi e neri de Malipiero, Chan pose les bases d’un jeu où la clarté structurelle est mise en avant. Les pièces courtes et contrastées révèlent une interprète attentive aux détails, même si certaines transitions paraissent manquer de spontanéité. Ce début onirique donne néanmoins le ton : Chan privilégie une approche réfléchie et architecturée.

Avec les œuvres de Bussotti, le programme bascule dans un univers plus théâtral et fragmenté. Musica per amici et Frammenti al pianoforte per danza di carattere exigent une capacité à naviguer entre lyrisme et abstraction. Chan y parvient souvent avec élégance, bien que l’excentricité de Bussotti aurait pu être davantage mise en valeur par une interprétation plus audacieuse.

Les pièces de Francesco Filidei sont sans doute les moments les plus convaincants de l’album. Dans le Preludio et la Suite, Chan démontre une parfaite maîtrise de l’écriture rythmique et de la tension harmonique. Son toucher incisif s’adapte idéalement à ce langage moderne, capturant une énergie à la fois brute et sophistiquée.

La Sonate pour piano n°2 de Salvatore Sciarrino, véritable défi d’interprétation, met en lumière le contrôle impressionnant de Chan sur la dynamique et le silence. Cependant, son approche analytique peut parfois donner l’impression d’une certaine retenue, là où une intensité plus dramatique aurait mieux servi l’œuvre.

Avec Kemò-vad de Giulia Lorusso, Chan révèle une sensibilité fascinante aux textures mouvantes et au minimalisme introspectif. Elle réussit à maintenir l’attention de l’auditeur dans cette pièce exigeante, bien que l’interprétation reste légèrement en retrait dans son engagement émotionnel.

Le programme s’achève sur deux œuvres de Simone Cardini, dont l’une, For Claudia, est dédiée à l’interprète. Ici, Chan semble en parfaite communion avec la musique. Son jeu, à la fois intime et expressif, donne vie à ces pièces méditatives et poétiques. Ces dernières pages révèlent une dimension personnelle qui parachève magnifiquement l’album.

Avec Toccare, Claudia Chan offre un panorama riche et cohérent du piano contemporain. Si certaines œuvres auraient gagné à une approche plus risquée, la pianiste impressionne par sa précision technique et sa capacité à clarifier des langages musicaux complexes. Les œuvres de Filidei et Cardini se distinguent particulièrement, mettant en lumière une artiste pleinement investie dans ce répertoire.

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