Symphonic Stories - Bernstein, Bizet, Gershwin, Tchaïkovsky - Jean-Frédéric Neuburger, Charles Heisser, Quatuor Ellipsos, Marie-Josèphe Jude, Mélaine Gaudin

Symphonic Stories - Bernstein, Bizet, Gershwin, Tchaïkovsky - Jean-Frédéric Neuburger, Charles Heisser, Quatuor Ellipsos, Marie-Josèphe Jude, Mélaine Gaudin

Un album qui séduira les amateurs de transcriptions et les curieux en quête de nouvelles perspectives musicales, malgré une légère inconstance dans l’impact sonore.














Label : Mirare MIR754
Note : 4/5

Avec "Symphonic Stories", le label Mirare nous offre une relecture audacieuse de chefs-d’œuvre orchestraux transcrits pour des formations réduites. Rassemblant une palette variée d’instruments – du quatuor de saxophones au duo pianistique – cet album tisse un lien fascinant entre tradition et innovation.

L’interprétation de "West Side Story" de Bernstein par le Quatuor Ellipsos ouvre l’album sur une note vibrante. La richesse sonore des saxophones capte l’esprit jazzy et rythmique de l’œuvre, tout en sublimant son lyrisme. Cependant, cette approche homogène, si séduisante au début, tend à manquer de relief dans certains passages, diluant l’intensité dramatique de la partition.

Les pièces de Bizet, en particulier une transcription de l’"Arlésienne", trouvent un équilibre plus convaincant. Le dialogue entre le piano de Jean-Frédéric Neuburger et les saxophones est plein de vitalité et de nuances, mettant en valeur le caractère dansant et pastoral de l’œuvre. Cette interprétation parvient à recréer l’essence orchestrale tout en exploitant les spécificités des instruments de chambre.

La "Rhapsody in Blue" de Gershwin, confiée à Marie-Josèphe Jude et Charles Heisser en duo pianistique, est un moment de grâce dans cet album. L’énergie mordante et l’élégance de leur jeu insufflent une vitalité irrésistible à cette œuvre emblématique. L’interaction entre les deux pianos est précise et pleine de verve, capturant l’essence jazzy de Gershwin sans jamais sombrer dans la caricature.

L’album atteint une autre profondeur émotionnelle avec l’"Andante Cantabile" de Tchaïkovsky, interprété par Mélaine Gaudin au violoncelle, accompagnée au piano. Ce moment plus introspectif brille par sa simplicité et son intimité, même si l’on pourrait regretter une certaine retenue qui empêche cette version d’égaler la grandeur des interprétations orchestrales.

La démarche de transcrire des œuvres symphoniques pour des formations réduites est audacieuse, et cet album relève en grande partie le défi. Toutefois, certaines limites de cette approche apparaissent dans des œuvres comme celles de Bernstein ou de Bizet, où l’ampleur et la profondeur des textures orchestrales se perdent parfois au profit d’une lisibilité accrue mais moins spectaculaire.

"Symphonic Stories" se démarque par son originalité et la qualité d’interprétation de ses artistes. L’album ne prétend pas remplacer les versions orchestrales, mais il enrichit notre compréhension de ces œuvres en proposant une perspective différente. Les moments de grâce, en particulier avec Gershwin et Tchaïkovsky, l’emportent largement sur les quelques faiblesses d’intensité ou de souffle.

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