Kurt Weill : The Seven Deadly Sins - London Symphony Orchestra, Sir Simon Rattle

Kurt Weill : The Seven Deadly Sins - Magdalena Kožená, Andrew Staples, Florian Boesch, Ross Ramgobin, Alessandro Fisher - London Symphony Orchestra - Sir Simon Rattle

Cet enregistrement de The Seven Deadly Sins est une proposition sophistiquée et techniquement impeccable, portée par une direction orchestrale rigoureuse et des interprétations vocales d’un haut niveau. Néanmoins, il pourrait frustrer les amateurs à la recherche d’une énergie plus brute et d’une intensité dramatique plus marquée. Une version à recommander pour son élégance et sa précision, mais qui manque un peu de l'esprit subversif et abrasif de l’œuvre originale.
















LSO Live
Note : 4/5



L'œuvre singulière de Kurt Weill et Bertolt Brecht, The Seven Deadly Sins, continue d'inspirer des interprétations variées. Ce "ballet chanté", créé en 1933, offre une critique mordante de la société de consommation à travers le parcours moralement ambigu d'Anna, scindée en deux personnalités : Anna I, rationnelle et calculatrice, et Anna II, impulsive et rêveuse. Dans cette nouvelle version captée par le London Symphony Orchestra sous la direction de Sir Simon Rattle, Magdalena Kožená prête sa voix à ce rôle emblématique.

La direction de Sir Simon Rattle met en lumière une lecture raffinée de la partition de Weill, où chaque détail est soigneusement ciselé. Le London Symphony Orchestra excelle dans les contrastes : les textures jazzy, les rythmes syncopés et les moments plus introspectifs sont rendus avec une précision remarquable. L'orchestre parvient à restituer toute la modernité de cette œuvre hybride, tout en respectant ses racines ancrées dans le cabaret berlinois.

Magdalena Kožená, dans le rôle d'Anna I, offre une interprétation nuancée. Sa voix, empreinte de chaleur et de clarté, exprime les dilemmes moraux d'Anna avec une certaine distance ironique, tout en conservant une profondeur émotionnelle. Elle navigue habilement entre le sprechgesang et un phrasé plus lyrique, capturant ainsi l’ambiguïté du personnage.

Les membres masculins, représentant la "famille" d’Anna, se distinguent par leur homogénéité vocale. Florian Boesch apporte une gravité bienvenue, tandis qu’Andrew Staples et Ross Ramgobin complètent l’ensemble avec des interventions équilibrées.

Malgré ces qualités indéniables, l’interprétation globale manque parfois de l'urgence dramatique et du mordant satirique qu’exige cette œuvre. La production privilégie une élégance formelle au détriment de la tension viscérale qui caractérise les meilleures interprétations de The Seven Deadly Sins. La voix de Kožená, bien que techniquement irréprochable, n’atteint pas toujours l’acidité nécessaire pour traduire toute l’amertume des textes de Brecht.

Par ailleurs, l’acoustique cristalline typique des enregistrements LSO Live, bien qu’impeccable, peut paraître trop distante pour une œuvre qui gagne en intensité dans des contextes plus intimes et rugueux.

En complément de The Seven Deadly Sins, cet enregistrement propose également des œuvres moins connues de Weill, dont Little Threepenny Music et des extraits de Street Scene. Ces ajouts enrichissent le panorama et permettent d’apprécier la diversité stylistique de Weill, entre satire sociale et lyrisme mélancolique.

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