Bruckner : Symphonie n°9 (Version Originale) - Tonhalle-Orchester Zürich, Paavo Järvi
Bruckner : Symphonie n°9 (Version Originale)
Tonhalle-Orchester Zürich, Paavo Järvi
Un enregistrement raffiné et impeccablement réalisé, mais qui aurait gagné à se libérer davantage pour embrasser pleinement la profondeur mystique de l’œuvre.
Alpha Classics ALPHA1068
Note : 4/5
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Paavo Järvi, à la tête du Tonhalle-Orchester Zürich, livre une interprétation lumineuse et structurée de la Symphonie n°9 de Bruckner. Fidèle à son style analytique, il met en lumière les proportions monumentales de cette œuvre inachevée tout en préservant une certaine rigueur dans la construction. La version originale choisie pour cet enregistrement, sans ajout de complétions posthumes, renforce l’impression d’un voyage suspendu entre la vie et l’infini.
Dès l’ouverture, la précision des attaques et le sens du détail orchestral captent l’attention. Les dialogues entre les cordes et les cuivres sont remarquablement équilibrés, tandis que la pulsation rythmique, toujours maîtrisée, évite les lourdeurs souvent associées à Bruckner. Pourtant, cette approche, aussi fascinante soit-elle sur le plan technique, peut paraître un peu distante. Le caractère mystique, si central dans cette partition testamentaire, semble parfois relégué au second plan, laissant une impression d’austérité.
L’orchestre de Zurich se montre à la hauteur de sa réputation, avec des cordes au velouté superbe, des vents d’une finesse irréprochable et des cuivres impeccables de clarté. Le deuxième mouvement, ce Scherzo si ambigu, bénéficie d’une articulation rythmique d’une précision chirurgicale. Les timbres y sont magnifiquement sculptés, mais certains regretteront un manque de fureur viscérale qui aurait donné davantage de relief à l’œuvre.
C’est dans l’Adagio final que l’orchestre atteint son sommet expressif. Les longues phrases, portées par une respiration naturelle, créent une tension subtile, presque hypnotique. Cependant, malgré cette maîtrise indéniable, l’interprétation semble parfois contenue, comme si l’émotion restait sous contrôle, sans jamais vraiment s’abandonner à l’abîme existentiel de la musique.
Le label Alpha Classics propose une prise de son remarquable, fidèle aux qualités acoustiques de la Tonhalle rénovée de Zurich. Chaque pupitre trouve sa place dans un espace sonore clair et aéré, permettant de distinguer les moindres détails de l’orchestration. La balance entre profondeur et transparence est idéale, bien que certains puissent trouver les forte légèrement trop secs, manquant de cette ampleur quasi-cathédralesque que d’autres captations ont su rendre.
Cette interprétation de Järvi s’inscrit dans une démarche résolument contemporaine, privilégiant la lisibilité et la précision analytique à une vision plus mystique ou romantique. Cela en fait une version incontournable pour les auditeurs cherchant une clarté nouvelle dans l’écriture complexe de Bruckner. Cependant, les amateurs de la dimension sacrée de cette musique pourraient être déçus par une approche qui semble parfois trop mesurée, presque rationnelle.
Paavo Järvi offre ici une lecture captivante, portée par un orchestre en grande forme et une direction d’une élégance indéniable. Si cette vision architecturale de la Symphonie n°9 séduit par sa maîtrise sonore et son équilibre, elle laisse néanmoins en suspens cette quête d’infini qui donne à Bruckner toute sa force spirituelle.
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