Orlando, A Melancholic Portrait - Orlando di Lasso, La Tempête, Simon-Pierre Bestion

Orlando, A Melancholic Portrait - Orlando di Lasso, La Tempête, Simon-Pierre Bestion

Au final, cet enregistrement est une belle illustration de l’œuvre de Lasso, mais il pourrait offrir plus de profondeur et de variété dans son approche, notamment pour ceux qui recherchent une expérience plus subversive ou passionnée.
















Alpha Classics Alpha 1084
Note : 3,5/5

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L'album Orlando, A Melancholic Portrait consacré à Orlando di Lasso, interprété par l'ensemble La Tempête dirigé par Simon-Pierre Bestion, se veut un portrait musical de la figure mythologique d’Orlando, entre folie et passion amoureuse. Ce projet, qui mêle madrigaux et motets de Lasso, cherche à capturer la mélancolie profonde et la complexité émotionnelle qui caractérisent cette figure littéraire. Si l’idée de créer un fil narratif autour de cette thématique est ambitieuse, le résultat est en demi-teinte, oscillant entre moments de grande sensibilité et autres où l'unité émotionnelle semble plus floue.

Le programme présente une sélection d’œuvres de di Lasso qui, de par leur richesse polyphonique, offrent une grande liberté d'interprétation. L'ensemble La Tempête s'y attelle avec brio, offrant des prestations soignées et d'une grande clarté. Cependant, le lien entre les différentes pièces, censé suivre l'évolution de l'état mental et émotionnel d’Orlando, apparaît parfois ténu. Si certaines pièces s’enchaînent naturellement et avec une émotion palpable, d'autres semblent davantage dissociées, ce qui nuit à l'impact dramatique du projet dans son ensemble.

L'aspect conceptuel du disque, bien qu'intéressant sur le papier, manque parfois de cohésion. L’album alterne entre des moments de grande beauté musicale et des instants où le ton général paraît un peu trop uniforme, ce qui peut nuire à l’idée d'un voyage émotionnel construit autour du personnage d'Orlando. L'interprétation musicale, sans être dénuée de charme, peine parfois à créer un vrai mouvement émotionnel qui porterait l’auditeur à travers cette histoire de folie et de mélancolie.

Le groupe vocal La Tempête démontre une grande maîtrise technique dans la gestion des lignes vocales et de la complexité des contrepoints de Lasso. Les voix sont nettes, homogènes et articulées, ce qui permet de mettre en valeur la subtilité de l’écriture du compositeur. Cependant, si la rigueur est de mise, l’ensemble peut parfois paraître un peu trop lisse. Les voix manquent parfois de la profusion émotionnelle attendue pour rendre pleinement compte de la folie qui traverse Orlando.

Les sopranos et les altos se distinguent par leur clarté et leur agilité, notamment dans les pièces les plus intimes du programme, où la finesse d'interprétation est louée. Toutefois, l’ensemble vocal semble parfois prisonnier d'une certaine uniformité dans le discours musical. La direction de Simon-Pierre Bestion, bien que précise, pourrait faire preuve de plus de fougue et de dynamisme pour exploiter pleinement la richesse émotionnelle des œuvres de Lasso. À certains moments, on ressent une légère retenue dans l'expression, comme si l’intensité émotionnelle de l’interprétation était volontairement contenue, ce qui donne l'impression que l’album ne va pas toujours au bout de ses intentions dramatiques.

Les instruments à cordes, ainsi que le continuo (clavecin, théorbe), accompagnent les voix de manière délicate, sans jamais chercher à dominer. Cette approche minimaliste fonctionne plutôt bien dans les moments plus calmes, créant une atmosphère intime et feutrée. Toutefois, certains pourront regretter que cet accompagnement, parfois presque inaudible, ne donne pas assez de couleur sonore aux œuvres. En particulier dans les passages plus grandioses, où un peu plus de présence instrumentale aurait pu renforcer l'impact émotionnel de l’ensemble.

Le choix de laisser l’instrumentation dans une position d’accompagnement discret, tout en étant cohérent avec le caractère de l’album, peut néanmoins donner une sensation d’uniformité sonore, où les voix et les instruments s’effacent presque complètement les uns derrière les autres. Une approche plus contrastée, avec des moments de plus grande tension sonore, aurait probablement permis de mieux illustrer la complexité psychologique du personnage d’Orlando.

La qualité de la prise de son est irréprochable, fidèle à la tradition de l’enregistrement de musique ancienne, qui privilégie la clarté et l’intimité. L’acoustique permet de saisir chaque détail des voix et des instruments, ce qui est particulièrement précieux dans la musique polyphonique de di Lasso. Cependant, certains peuvent trouver que cette approche trop intime prive l’enregistrement d’un peu de l’ampleur sonore qui aurait pu être attendue pour rendre justice à la grandeur et à la profondeur de l’œuvre. La sensation d’étroitesse dans certains passages pourrait laisser certains auditeurs sur leur faim, particulièrement ceux qui recherchent une large spatialisation de la musique.

Orlando, A Melancholic Portrait est un album soigné qui fait honneur à la polyphonie de Lasso, mais il n’atteint pas pleinement l’impact émotionnel qu’il pourrait atteindre. L’ensemble La Tempête et la direction de Simon-Pierre Bestion révèlent une belle maîtrise technique et une grande clarté musicale, mais le caractère dramatique et passionné de l’œuvre aurait mérité une interprétation plus poussée et plus contrastée. Bien que l’aspect intimiste de la prise de son et des arrangements puisse séduire certains auditeurs, d'autres pourraient déplorer un manque de vivacité émotionnelle dans l’ensemble.

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