George Enescu : Symphonies Nos. 1-3 & 2 - Rhapsodies Roumaines - Orchestre National de France – Cristian Măcelaru

George Enescu : Symphonies Nos. 1-3 & 2 Rhapsodies Roumaines
Orchestre National de France – Cristian Măcelaru

Un hommage raffiné et captivant, porté par une direction sensible et un orchestre en grande forme, mais qui aurait parfois gagné à explorer davantage les abîmes émotionnels de cette musique complexe.

Deutsche Grammophon
Note : 4/5

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George Enescu, compositeur d’une profondeur inouïe, reste injustement méconnu en dehors de son pays natal. Ce coffret, dirigé par Cristian Măcelaru à la tête de l’Orchestre National de France, se veut une réhabilitation ambitieuse de ses trois symphonies et de ses deux célèbres Rhapsodies roumaines. Sur le prestigieux label Deutsche Grammophon, cette intégrale promettait une vision nouvelle de ces œuvres magistrales. Le résultat, bien que globalement impressionnant, révèle quelques limites dans son approche interprétative.

La Première Symphonie, œuvre de jeunesse, est abordée avec une énergie contagieuse. Cristian Măcelaru met en avant la richesse orchestrale et l’enthousiasme juvénile de cette partition. Si les cuivres et les bois brillent particulièrement dans le premier mouvement, le finale manque parfois de la tension dramatique nécessaire pour maintenir l’attention sur toute sa durée.

La Deuxième Symphonie, plus complexe et introspective, bénéficie d’une lecture claire et structurée. L’Orchestre National de France excelle ici dans les textures délicates et les transitions harmoniques fluides, bien que certains passages auraient gagné à être plus viscéraux. Le lyrisme poignant de cette œuvre trouve néanmoins une belle résonance, notamment grâce à un deuxième mouvement d’une grande subtilité.

La Troisième Symphonie, monumentale et visionnaire, est sans doute le point culminant de cet enregistrement. Măcelaru en explore les moindres recoins, mettant en valeur l’orchestration audacieuse et les influences post-romantiques. Le travail sur les dynamiques est particulièrement impressionnant, et le chœur final, empreint de mysticisme, atteint une intensité émotive rare.

Les Rhapsodies roumaines offrent un contraste saisissant avec les symphonies. Ces œuvres, pétries de folklore, sont interprétées avec brio et une certaine exubérance. La Première, célèbre pour son caractère festif, est rendue avec une virtuosité étincelante, mais une légèreté qui peut sembler excessive dans certains passages. La Deuxième, plus introspective, révèle une richesse d’expression parfois sous-estimée, bien que le discours musical y manque légèrement de fluidité.

L’Orchestre National de France confirme ici son statut de formation de classe mondiale, avec des cordes chaleureuses et des bois particulièrement expressifs. Cependant, la prise de son, bien que précise, manque d’ampleur et de profondeur dans certains passages, rendant l’ensemble parfois trop contenu pour ces œuvres d’une telle densité.

Cet enregistrement marque une étape importante dans la redécouverte du corpus symphonique d’Enescu. Si Cristian Măcelaru propose une vision souvent lumineuse et réfléchie, elle pèche par un manque d’audace dans certains passages, là où une interprétation plus viscérale aurait pu révéler toute la modernité du compositeur. Malgré ces réserves, cette intégrale s’impose comme une référence pour les mélomanes curieux de mieux comprendre l’un des plus grands génies de la musique du XXe siècle.

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