Fauré : Requiem – Gounod : Messe de Clovis - Le Concert Spirituel, Hervé Niquet, Emőke Baráth, Philippe Estèphe

Fauré : Requiem – Gounod : Messe de Clovis
Le Concert Spirituel, Hervé Niquet, Emőke Baráth, Philippe Estèphe

Un enregistrement soigné et audacieux, porté par des interprètes d’exception, mais qui laisse parfois entrevoir les limites de son parti pris interprétatif. Une œuvre qui séduira les curieux et les amateurs de relectures singulières.

Alpha Classics ALPHA1014
Note : 4/5

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Réunir deux œuvres aussi contrastées que le Requiem de Fauré et la Messe de Clovis de Gounod sous une même bannière est un pari audacieux. Sous la direction inspirée d’Hervé Niquet, Le Concert Spirituel s’attèle à donner à ces partitions une nouvelle vie, alliant raffinement stylistique et intensité dramatique. Ce disque, paru chez Alpha Classics, propose une relecture qui ne manquera pas de diviser les mélomanes.

Dans le Requiem de Fauré, Hervé Niquet adopte une approche d’une grande sobriété, privilégiant la clarté des lignes et la fluidité des tempi. Le choix d’un effectif réduit rappelle les premières versions de l’œuvre, accentuant l’intimité et la pureté du message spirituel. Cependant, cette lecture minimaliste, si elle séduit par sa transparence, peut frustrer ceux qui attendent une vision plus chaleureuse et enveloppante.

Emőke Baráth, dans le célèbre Pie Jesu, déploie une voix d’une pureté céleste, offrant une interprétation empreinte d’innocence et de sérénité. Philippe Estèphe, baryton, brille dans le Libera me, avec une diction impeccable et une profondeur expressive qui ancre cette prière dans une gravité poignante.

L’orchestre et le chœur du Concert Spirituel se distinguent par une précision irréprochable. Cependant, certains moments manquent de souffle, notamment dans le Agnus Dei, où l’émotion semble contenue, presque distante.

La redécouverte de la Messe de Clovis de Gounod constitue l’atout singulier de cet enregistrement. Œuvre rarement jouée, elle mêle des accents quasi-opératiques à une monumentalité religieuse. Hervé Niquet s’approprie cette partition avec un enthousiasme communicatif, donnant vie à chaque section avec une ferveur presque dramatique.

Les chœurs, particulièrement sollicités, impressionnent par leur homogénéité et leur engagement. Les moments de faste orchestral, tels que le Gloria, sont éclatants, mais cette emphase peut paraître excessive pour des oreilles habituées à un Gounod plus contenu. L’alternance entre majesté et recueillement, bien qu’intéressante sur le papier, manque parfois de liant, rendant l’écoute inégale.

La prise de son d’Alpha Classics est exemplaire, capturant avec finesse les nuances des voix et la richesse orchestrale. Cependant, dans les passages les plus chargés, la réverbération naturelle de l’acoustique tend à diluer les détails, notamment dans les interventions chorales.

Verdict

Ce programme ambitieux témoigne de la volonté d’Hervé Niquet de défendre un répertoire à la fois connu et méconnu, tout en renouvelant notre écoute de ces chefs-d’œuvre. Si l’interprétation du Requiem de Fauré séduira les amateurs de rigueur stylistique, elle pourra sembler trop réservée à ceux qui privilégient une approche plus émotive. Quant à la Messe de Clovis, elle intrigue par son originalité et son caractère grandiloquent, mais peine parfois à maintenir une cohérence stylistique.

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