Beethoven – Intégrale des Quatuors à cordes - Quatuor Ysaÿe
Beethoven – Intégrale des Quatuors à cordes - Quatuor Ysaÿe
Une performance vibrante, où la magie du live sublime une vision profondément réfléchie et sincère de Beethoven.
La Dolce Volta
Note : 4,5/5
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Enregistrée en public dans l’acoustique généreuse de Radio France, cette intégrale des quatuors à cordes de Beethoven par le Quatuor Ysaÿe s’inscrit dans une lignée ambitieuse, celle des grandes performances live capturées pour l’éternité. L’idée d’une prise de son « sur le vif » apporte une spontanéité et une énergie bienvenues, mais soulève également des attentes quant à la capacité de capturer, sans filet, toute la complexité et la profondeur de ce monument du répertoire.
Les quatuors de jeunesse (opus 18) se démarquent par leur fraîcheur et leur virtuosité. Dans cette interprétation, l’énergie du live se ressent dès les premières mesures : le Quatuor Ysaÿe joue avec une précision d’ensemble admirable, tout en laissant transparaître une certaine effervescence. Les phrases sont ciselées, le jeu d’archet agile et la communication entre les musiciens palpable. Cependant, malgré cette maîtrise technique, on pourrait regretter un léger manque de folie dans certains mouvements. Le rire parfois acide de Beethoven cède ici à une élégance presque trop policée.
Les quatuors du « milieu » (opus 59, Harp, Serioso) forment le cœur de cette intégrale, mais c’est là aussi que la proposition du Quatuor Ysaÿe divise. Leur lecture est limpide et analytique, chaque voix s’exprimant avec une clarté remarquable. Les auditeurs apprécieront la rigueur dans l’exploration des structures et des contrepoints beethovéniens, mais l’interprétation manque parfois de tension dramatique. Les accents héroïques des Razumovsky semblent quelque peu tempérés, comme si l’approche du Quatuor Ysaÿe privilégiait l’introspection à l’exaltation. Ce choix, s’il confère une cohérence à l’ensemble, risque de laisser certains auditeurs sur leur faim, en particulier dans des œuvres où le romantisme naissant de Beethoven demande un souffle plus intense.
Une transcendance dans les derniers quatuors
C’est dans les ultimes quatuors que l’apport du live se fait le plus sentir. La densité émotionnelle et l’engagement des musiciens atteignent ici leur apogée. Dans l’opus 132, le « Chant de guérison » est interprété avec une profondeur bouleversante, chaque silence semblant suspendre le temps. De même, la Grosse Fuge (opus 133) impressionne par sa puissance brute et son contrôle impeccable, malgré la redoutable difficulté technique de l’œuvre. Ces moments d’exception montrent un quatuor au sommet de son art, capable de conjuguer intensité et maîtrise dans des œuvres qui défient l’entendement.
Le choix d’une captation live est audacieux, et dans l’ensemble, Radio France offre un écrin sonore d’une grande qualité. Les micros saisissent avec justesse l’équilibre entre les pupitres, tout en rendant justice à la réverbération naturelle de la salle. Cela dit, certains passages révèlent les limites de l’exercice : des bruits de scène occasionnels et une légère instabilité dans certains crescendos rappellent que nous sommes dans l’immédiateté du concert. Ces imperfections, bien que mineures, ajoutent cependant une humanité et une vérité à l’interprétation qui séduiront les amateurs de live.
L’intégrale des quatuors de Beethoven par le Quatuor Ysaÿe, captée en public, allie une maîtrise technique irréprochable à une interprétation cohérente et introspective. Si les quatuors de jeunesse et du « milieu » auraient pu bénéficier d’un supplément de fougue, les derniers opus atteignent une dimension spirituelle et une intensité qui placent cette gravure parmi les témoignages marquants du répertoire.
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