Une Messe Imaginaire - Bruckner - Martin - Spirito - Nicole Corti

Une Messe Imaginaire
Franck Martin: Messe à Double Chœur
Anton Bruckner: Motets
Spirito
Nicole Corti, direction

Une Messe imaginaire séduit par la qualité exceptionnelle des interprètes et la profondeur de l’exécution. Pourtant, le programme manque d’unité et d’ampleur pour pleinement convaincre. Ce disque s’apprécie comme une anthologie chorale de grande qualité, mais il reste en deçà de ses ambitions initiales.

Nomad Music NMM112

Note : 3/5 

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Avec Une Messe imaginaire, Nicole Corti et le Chœur Spirito proposent un dialogue audacieux entre la Messe à double chœur de Frank Martin et quatre motets d’Anton Bruckner (Ave Maria, Vexilla Regis, Os Justi, Tantum Ergo). Enregistré dans des conditions distinctes – la Messe dans une salle de concert et les motets dans l’Abbaye de Noirlac –, ce projet ambitionne de créer une continuité spirituelle entre ces deux compositeurs que tout semble opposer : leurs confessions religieuses, leurs contextes musicaux et même leurs époques.  

Une tentative d’unité musicale  

La juxtaposition des œuvres de Martin et Bruckner peut surprendre. Les motets de Bruckner, riches en harmonies romantiques, semblent parfois en décalage avec l’écriture plus austère et introspective de Martin. Pourtant, sous la direction sensible de Nicole Corti, ces univers trouvent un terrain commun grâce à une interprétation d’une rare précision vocale. La direction rigoureuse de Corti, privilégiant des tempi posés et une grande clarté des lignes, permet de mettre en lumière la spiritualité qui émane de ces œuvres.  

Le Chœur Spirito, rejoint pour les motets par le Jeune Chœur symphonique, excelle dans l’équilibre des voix et l’expression de la profondeur sacrée des textes. Les passages quasi-polyphoniques des motets sont rendus avec une sobriété exemplaire, tandis que la Messe à double chœur de Martin s’anime dans des moments dramatiques tels que le Kyrie ou le Gloria, où la tension rythmique et les contrastes dynamiques apportent un souffle poignant.  

Points forts et réserves  

L’interprétation est techniquement irréprochable, avec une intonation d’une grande pureté et un équilibre des voix admirable. L' Ave Maria de Bruckner se distingue par une chaleur et une luminosité saisissantes, et l’Agnus Dei de Martin clôt magnifiquement le disque sur une note de sérénité.  

Cependant, la brièveté du programme (à peine 50 minutes) et l’absence de motets supplémentaires de Bruckner laissent un sentiment d’inachevé. Par ailleurs, le concept d’une "messe imaginaire" reste discutable. L’assemblage des pièces ne respecte pas leur fonction liturgique d’origine, ce qui peut dérouter les auditeurs familiers de ce répertoire. Enfin, l’écriture plus introvertie de Martin pourrait sembler desservie par le contraste avec la ferveur romantique de Bruckner. 

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