Paolo Aretino (1508-1584) "Sabbato Sancto": Lamentationes et Responsoria - Odhecaton, Paolo Da Sol

Paolo Aretino (1508-1584)
"Sabbato Sancto": Lamentationes et Responsoria
Odhecaton, Paolo Da Sol

Cet enregistrement marque une contribution majeure à la redécouverte de Paolo Aretino, révélant un compositeur qui, bien que modeste dans son innovation, excelle dans l'art de captiver par la simplicité et la profondeur. Odhecaton signe ici une interprétation vibrante et lumineuse, rendant justice à cet « Orphée de Toscane » oublié. Si quelques imperfections subsistent dans l’exécution, elles sont largement compensées par l’intensité et l’humanité de la prestation. Une œuvre incontournable pour les amateurs de polyphonie renaissante.
















Arcana

Note : (4/5)

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L’ensemble Odhecaton, dirigé par Paolo Da Col, propose ici une plongée inédite dans l’œuvre méconnue mais fascinante de Paolo Aretino (1508-1584), figure atypique de la musique sacrée italienne du XVIe siècle. Cet enregistrement, centré sur les Lamentations et les Sacra Responsoria destinés à l’Office des Ténèbres du samedi saint, redonne vie à des compositions qui, tout en respectant la sobriété de l’écriture liturgique, déploient une expressivité saisissante.

Paolo Aretino, souvent éclipsé par les géants de son époque comme Palestrina, s’inscrit pourtant dans une tradition musicale italienne marquée par la transition entre le style polyphonique complexe du début du siècle et l’approche plus épurée prônée par le Concile de Trente. Ses Lamentations, publiées en 1544, se distinguent par leur écriture homorythmique et leur usage de voix égales (voci pari), une caractéristique rare qui accentue la gravité et la profondeur spirituelle de l’œuvre. L'enregistrement met également en avant une partie de basse remarquable, parfois notée en clef de fa sur la cinquième ligne, qui enrichit le spectre sonore d’une résonance profonde.

Odhecaton s’illustre par son engagement émotionnel et la clarté de son articulation musicale. Les dix chanteurs masculins, avec une distribution équilibrée incluant un contre-ténor, cinq ténors, deux barytons et deux basses, insufflent une ferveur dramatique aux Lamentations. Leur maîtrise des passages lents et homorythmiques évite toute monotonie, grâce à une intensité vocale palpable et une attention méticuleuse aux détails textuels. Cependant, quelques déséquilibres dans l'équilibre des voix, notamment un ténor parfois trop strident, peuvent ponctuellement nuire à la cohésion sonore.  

Le cadre acoustique de l’enregistrement, réalisé dans l’église Sant’Ignazio d’Arezzo, ajoute une réverbération généreuse qui amplifie l’impact des basses profondes tout en mettant en valeur les nuances des lignes vocales.

Malgré une écriture relativement simple, notamment dans les passages monophoniques, Aretino parvient à créer une atmosphère méditative et intensément dévotionnelle. Les Lamentations et les Répons alternent entre introspection et exaltation, culminant dans le monumental Benedictus final, où la polyphonie alterne avec des sections monodiques en une élévation lumineuse de l'esprit.

À écouter absolument: Incipit oratio Ieremiae prophetae et Plange quasi virgo, véritables sommets de cette exploration musicale.

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