María Dueñas – 24 Caprices de Paganini et œuvres inspirées

María Dueñas – 24 Caprices de Paganini et œuvres inspirées

Que vous soyez mélomane averti ou simple curieux, cet album est une invitation irrésistible à redécouvrir le génie du violon sous un jour nouveau.

Deutsche Grammophon
Note : 5/5

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Pour son premier album entièrement consacré à Niccolò Paganini, María Dueñas, jeune prodige du violon, livre un enregistrement éblouissant des 24 Caprices, enrichi de pièces liées à leur influence. Dans ce double album publié chez Deutsche Grammophon, la violoniste espagnole embrasse le défi monumental des Caprices tout en explorant leurs répercussions dans le répertoire romantique et moderne.

Les 24 Caprices, monuments de la littérature violonistique, exigent une technique acérée et une imagination débordante pour transcender leur caractère d’études virtuoses. María Dueñas, armée d’un Guarnerius del Gesù de 1736 prêté par la Fondation Stretton Society, réalise cet exploit avec une autorité souveraine et une musicalité pénétrante. Dès le premier caprice (Arpeggio), elle affiche un mélange déconcertant de légèreté aérienne et de puissance contrôlée. Son archet danse avec une précision diabolique, sans jamais céder à la tentation d’une virtuosité gratuite.

Là où certains pourraient se perdre dans la froideur technique, Dueñas insuffle aux pages de Paganini une chaleur humaine et un sens narratif irrésistible. Le Caprice n°9 (La Chasse) est rendu avec un brio quasi théâtral, tandis que le célèbre n°24, avec ses variations emblématiques, devient sous ses doigts un tableau éclatant de contrastes dynamiques et de couleurs.

Ce qui distingue cet enregistrement, c’est son second volet : une sélection d’œuvres inspirées par Paganini, où l’on retrouve des noms prestigieux tels que Berlioz, Saint-Saëns, Sarasate et Kreisler. Dueñas brille tout particulièrement dans Introduction et Variations sur le Carnaval de Venise de Paganini, où sa capacité à passer de la fantaisie malicieuse à l’intensité dramatique fait merveille.

Les Variations sur le Caprice n°24 de Wieniawski et de Rachmaninov (transcrites pour violon) révèlent une autre facette de l’artiste : une profondeur d’interprétation qui dialogue avec l’héritage de Paganini tout en affirmant une voix résolument personnelle. Une mention spéciale revient à Caprice n°24 revisité par Xavier Montsalvatge, une rareté saisissante qui s’intègre parfaitement à ce programme éclectique.

Prise de son et direction artistique exemplaires

L’équipe de Deutsche Grammophon signe ici une captation sonore d’une clarté exceptionnelle. Chaque nuance du jeu de Dueñas, qu’il s’agisse des pizzicati cristallins ou des envolées en harmoniques, est rendue avec un réalisme impressionnant. La disposition spatiale restitue également toute l’intimité de l’interprétation, tout en permettant aux résonances de l’instrument de se déployer pleinement.

Ce projet monumental témoigne d’une maturité rare pour une artiste aussi jeune. María Dueñas réussit non seulement à renouveler notre regard sur Paganini, mais aussi à inscrire son interprétation dans un dialogue intemporel avec ses pairs et ses successeurs. Cet enregistrement, à la fois hommage et manifeste, s’impose déjà comme une référence incontournable.

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