Johannes Brahms: Intégrale des symphonies / Chamber Orchestra of Europe / Yannick Nézet-Séguin, direction
Johannes Brahms: Intégrale des symphonies
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin, direction
Ce cycle de Nézet-Séguin se situe à mi-chemin entre innovation et tradition, offrant une perspective intéressante sur Brahms mais peinant parfois à convaincre pleinement. Il séduira les amateurs de lectures historiquement informées mais risque de frustrer ceux qui recherchent l’intensité romantique et la richesse sonore des grandes phalanges orchestrales. Une tentative louable, mais qui ne détrône pas les enregistrements de référence.
Deutsche Grammophon 3CDs
Note globale : 3/5
Acheter cet album
Accéder à la chaîne Altea Media /I Love TV
Le cycle des symphonies de Brahms par Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de Chambre d’Europe (COE) propose une lecture contrastée qui suscite des impressions variées, oscillant entre audace interprétative et limites intrinsèques au format orchestré.
Nézet-Séguin aborde Brahms avec une clarté analytique et une volonté de dépouillement, s’inscrivant dans une tradition chambriste, plus transparente et allégée. Sa direction met en avant une énergie vivante, des contrastes dynamiques, et des respirations souvent bien pensées. Certains moments, tels que le Poco allegretto de la Troisième Symphonie, se distinguent par une poésie intime et fragile, portée par une lecture à la fois souple et expressive. La Quatrième Symphonie, notamment dans sa Passacaille finale, illustre le soin apporté à l’architecture formelle et à la richesse des couleurs orchestrales.
L’Orchestre de Chambre d’Europe brille par sa maîtrise technique et sa capacité à maintenir une cohésion sonore dans un format réduit. Les timbres des vents et les interventions solistes (notamment les cors) enrichissent l’ensemble d’une musicalité indéniable.
Cependant, cette approche chambriste souffre parfois de certaines carences. Le choix d’effectifs restreints, s’il favorise la transparence, amène une perte de densité et de puissance dans les passages plus dramatiques. La Première Symphonie en particulier pâtit d’un manque de poids orchestral, et les tempi parfois précipités de Nézet-Séguin peuvent nuire à l’équilibre général. La direction, bien que précise, peut manquer de souffle dans les grandes phrases brahmsiennes, donnant lieu à des ruptures abruptes ou des textures trop sèches.
Enfin, l’interprétation, bien que soignée, semble parfois hésiter entre tradition et modernité. L’absence de vibrato et les textures épurées risquent de paraître austères, voire anorexiques, pour certains auditeurs habitués à des lectures plus pleines et chaleureuses, comme celles de Karajan ou Haitink.
Commentaires
Enregistrer un commentaire