Dmitri Chostakovitch – Symphonies 4, 5 & 6 par Klaus Mäkelä et l’Orchestre Philharmonique d’Oslo

Dmitri Chostakovitch – Symphonies 4, 5 & 6 par Klaus Mäkelä et l’Orchestre Philharmonique d’Oslo

Un très bel enregistrement qui, sans détrôner les légendes du passé, apporte une perspective fraîche et pertinente sur ces chefs-d’œuvre du XXe siècle.
















Decca
Note 4/5


Le jeune chef finlandais Klaus Mäkelä poursuit son ascension fulgurante avec cet enregistrement ambitieux des symphonies n°4, 5 et 6 de Dmitri Chostakovitch. Soutenu par l’excellent Orchestre Philharmonique d’Oslo, il nous offre une interprétation à la fois captivante et analytique de ces œuvres complexes, capturant leur ambiguïté émotionnelle et leur profondeur historique.

Composée en pleine montée de la terreur stalinienne, la Quatrième Symphonie est souvent perçue comme un cri étouffé de désespoir. Mäkelä en exploite chaque nuance avec une lucidité impressionnante pour son âge. Le premier mouvement, gigantesque fresque de tension et de sarcasme, est ici une démonstration de précision rythmique et de dynamisme orchestral. Les cuivres d’Oslo impressionnent par leur mordant, tandis que les cordes déploient un lyrisme troublant dans les passages plus introspectifs. Si certaines lectures, comme celle de Kirill Kondrachine, optent pour une intensité débridée, Mäkelä mise sur une clarté quasi analytique, révélant des détails souvent masqués dans les interprétations plus tumultueuses.

La Cinquième Symphonie, avec sa célèbre ambivalence entre ironie et obéissance forcée, est un défi d’interprétation. Mäkelä choisit ici une approche modérée, évitant l’emphase excessive tout en maintenant une tension sous-jacente. Le Largo, véritable cœur de l’œuvre, est particulièrement réussi : les cordes sombres et veloutées de l’orchestre plongent l’auditeur dans une méditation douloureuse, évoquant la souffrance collective d’une époque tourmentée. Le Finale, souvent interprété comme une marche triomphale forcée, est ici empreint d’un étrange détachement, laissant planer un doute sur la sincérité du "triomphe".

La Sixième Symphonie, plus atypique, oscille entre la mélancolie du premier mouvement et l’ironie acerbe des mouvements suivants. Mäkelä excelle particulièrement dans le Largo initial, qu’il déploie avec une lenteur hypnotique, soutenue par des bois au phrasé limpide. Le contraste avec l’énergie presque grotesque des mouvements rapides est frappant, et l’orchestre suit le chef avec une aisance technique remarquable.
Un enregistrement de haut vol

La prise de son, signée Decca, est d’une clarté exemplaire, capturant la richesse sonore de l’Orchestre Philharmonique d’Oslo tout en respectant les équilibres entre les sections. Si certains pourront reprocher à Mäkelä une approche parfois trop réfléchie, manquant d’un brin de folie, cette lecture convainc par sa cohérence et sa profondeur.

Avec ce triple portrait symphonique de Chostakovitch, Klaus Mäkelä s’affirme comme une voix majeure dans l’interprétation du répertoire russe. Sa direction intelligente, servie par un orchestre en grande forme, fait de cet enregistrement une référence contemporaine.

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