Beethoven – Piano Trios, Vol. 3 - Sitkovetsky Trio
Beethoven – Piano Trios, Vol. 3 - Sitkovetsky Trio
Un effort solide, mais inégal, qui reflète une grande maîtrise tout en peinant à capturer l’âme vibrante de Beethoven.
BIS Records
Note : 3,5/5
Avec ce troisième volume de leur exploration des Trios pour piano de Beethoven, le Sitkovetsky Trio (Alexander Sitkovetsky au violon, Isang Enders au violoncelle, Wu Qian au piano) s’attaque à des œuvres majeures du répertoire de musique de chambre. Cet enregistrement, sous l’égide de BIS Records, cherche à capturer toute l’intensité dramatique et l’ingéniosité structurelle du compositeur. Si certains passages brillent par leur clarté et leur engagement, d’autres laissent une impression plus mitigée.
Dès les premières mesures, la rigueur technique du Sitkovetsky Trio impressionne. Le son d’ensemble est d’une précision clinique : chaque détail de la partition semble minutieusement travaillé. Cela est particulièrement frappant dans le Trio en ré majeur, Op. 70 No. 1, dit « des Esprits ». L’ouverture du Largo assai ed espressivo est jouée avec une tension palpable, presque oppressante, qui colle parfaitement à l’atmosphère fantomatique de l’œuvre.
Cependant, cette précision peut parfois se faire au détriment de l’émotion. Par exemple, le final du même trio manque d’élan vital, donnant une impression de retenue là où Beethoven appelle à une véritable explosion de dynamisme.
Si Wu Qian au piano domine souvent l’ensemble par son jeu percutant et énergique, le dialogue entre les trois instruments n’atteint pas toujours l’équilibre idéal. Dans le Trio en mi bémol majeur, Op. 97, « l’Archiduc », l’unité sonore est parfois mise à mal par un violoncelle légèrement en retrait. Isang Enders, pourtant solide techniquement, semble parfois écrasé par le piano, notamment dans l’Allegro moderato. Cela n’empêche pas certaines réussites, comme le Scherzo, où l’interaction entre les trois musiciens atteint une remarquable fluidité.
Le Sitkovetsky Trio privilégie une approche analytique et structurée, mais certains choix d’interprétation divisent. Dans le « Largo » de l’Op. 97, par exemple, le trio opte pour un tempo plus rapide que la moyenne, ce qui allège l’atmosphère contemplative sans pour autant perdre en intensité. Ce parti pris séduira certains auditeurs, mais pourrait frustrer ceux en quête d’une interprétation plus introspective.
En revanche, les passages plus vifs, comme le finale de l’Op. 70 No. 1, sont remarquablement enlevés. On ressent ici une véritable connivence entre les interprètes, même si cette vivacité pourrait être poussée encore plus loin pour capturer toute l’énergie beethovénienne.
BIS Records nous offre une captation sonore riche et détaillée, fidèle à sa réputation d’excellence. Chaque instrument est parfaitement audible, mais le mixage favorise parfois le piano au détriment des cordes, ce qui accentue l’impression de déséquilibre dans certains mouvements. Ce choix de prise de son pourrait plaire aux amateurs de pianos flamboyants, mais il risque de déconcerter ceux qui préfèrent un équilibre plus homogène.
Le Sitkovetsky Trio propose une lecture érudite et soignée des Trios pour piano de Beethoven, mais leur approche analytique et rigoureuse manque parfois de ce souffle vital qui fait la grandeur de ces œuvres. Si cet enregistrement ravira les mélomanes en quête de détails et de maîtrise technique, il pourra laisser les amateurs d’interprétations plus intuitives sur leur faim.
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