Bach - Suites pour violoncelle Nos. 5 & 6 - Sonia Wieder-Atherton

Bach - Suites pour violoncelle Nos. 5 & 6 - Sonia Wieder-Atherton

Un enregistrement captivant, quoique inégal, qui séduira avant tout les mélomanes avides de propositions singulières.
















Alpha Classics ALPHA1076
Note : 3,5/5

Pour tout mélomane, l’interprétation des Suites pour violoncelle de Bach représente un véritable défi de sensibilité et d’introspection. Avec cet enregistrement des cinquième et sixième suites, Sonia Wieder-Atherton nous offre une vision personnelle et audacieuse, mais non sans susciter quelques interrogations.

Dès les premières mesures de la Suite No. 5 en do mineur, Wieder-Atherton impose une approche introspective et presque théâtrale. Sa maîtrise de l’archet éclaire chaque nuance du Prélude, qu’elle habite avec un sens aigu du tragique. Ce choix accentue le caractère sombre et méditatif de l’œuvre, en parfaite cohérence avec le tempérament du mode mineur. Cependant, certaines transitions semblent volontairement alourdies, ce qui peut donner l’impression que la soliste s’attarde au détriment de la fluidité de l’ensemble.

Les danses, en particulier la Sarabande, sont interprétées avec une sobriété qui confine parfois à l’austérité. Si cette approche révèle la profondeur de la partition, elle tend aussi à gommer une certaine vitalité, notamment dans les mouvements plus légers comme la Gavotte ou la Gigue, où le rebond semble manquer.

Avec la Suite No. 6 en ré majeur, qui exige un violoncelle à cinq cordes (ou, par extension, une grande souplesse d’adaptation sur un instrument traditionnel), Wieder-Atherton opte pour un jeu d’une densité sonore impressionnante. Si cette richesse est indéniablement séduisante dans des passages tels que le Prélude ou l’Allemande, elle risque parfois d’étouffer la légèreté naturelle de cette suite résolument joyeuse.

En revanche, l’archet de Wieder-Atherton déploie des trésors de lyrisme dans la Courante, où elle atteint un équilibre délicat entre virtuosité et expressivité. Mais là encore, une certaine rigidité dans le phrasé peut freiner l’élan naturel des lignes contrapuntiques, particulièrement dans la Gigue finale, où l’exubérance reste en demi-teinte.

Alpha Classics propose une captation sonore immersive, au plus près de l’interprète. Chaque frottement de l’archet et chaque respiration de l’instrumentiste sont captés avec une précision chirurgicale. Si cette approche accentue le caractère introspectif de l’interprétation, elle risque également de frustrer certains auditeurs, notamment ceux en quête d’une spatialisation plus équilibrée.

Loin des lectures éthérées d’un Pierre Fournier ou des élans puissants d’un Rostropovitch, Sonia Wieder-Atherton trace ici un sillon très personnel, parfois déconcertant. Son interprétation dramatique et réfléchie plaira aux amateurs de relectures audacieuses, mais pourra diviser ceux qui préfèrent une approche plus dansante ou spontanée de ces chefs-d’œuvre intemporels.



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