André Messager - Coup de Roulis - Les Frivolités Parisiennes

André Messager - Coup de Roulis - Les Frivolités Parisiennes

Un enregistrement soigné et élégant, mais qui aurait gagné en vivacité et en théâtralité pour capturer pleinement l'esprit pétillant de Messager.














B Records
Note : 3,5/5


Avec Coup de Roulis, opérette créée en 1928, André Messager nous invite à une escapade musicale pleine de légèreté et de charme. Le label B Records, en collaboration avec l’Orchestre et le Chœur des Frivolités Parisiennes sous la direction d’Alexandra Cravero, nous livre une interprétation soignée de cette œuvre, oscillant entre modernité et tradition. Si l’ensemble séduit par sa finesse, il laisse également quelques zones d’ombre concernant l’engagement théâtral et la dynamique de l’interprétation.

La direction d’Alexandra Cravero se distingue par sa rigueur et son élégance. Elle mène l’Orchestre des Frivolités Parisiennes avec une grande précision, donnant une place équitable à chaque instrument tout en préservant l'harmonie de l'ensemble. Les moments de danse, comme la valse ou le tango, sont rendus avec une fluidité impeccable, mais la direction de Cravero semble parfois un peu trop retenue, manquant de l’élan et de l’exubérance nécessaires pour saisir toute la vivacité du texte de Messager.

La subtilité de l’interprétation, qui joue sur les nuances et les détails, plaît aux auditeurs recherchant une lecture soignée. Toutefois, cette approche analytique peut laisser de côté la flamboyance et le souffle dramatique qui caractérisent l’opérette. Le résultat est parfois un peu figé, notamment dans les moments plus animés où un peu plus de spontanéité aurait été bienvenue.

La distribution vocale repose sur des performances variées, avec des moments d’éclat et d'autres plus mitigés. Jean-Baptiste Dumora, dans le rôle principal, brille par sa voix de baryton à la sonorité ample, mais son phrasé manque parfois de légèreté et de clarté. Sa prestation est solide, mais il semble parfois enfermé dans une certaine gravité, là où Messager demande une touche plus enjouée.

Philippe Brocard, également baryton, se révèle plus à l’aise dans les registres plus vifs et vivants de l’opérette, notamment dans les duos. Il offre une belle présence vocale, mais son jeu scénique, bien qu’efficace, reste parfois un peu timide dans les moments comiques.

Christophe Gay, en tant que personnage secondaire, ajoute une touche de fraîcheur avec un timbre agréable et une présence sur scène qui capte l’attention. Toutefois, sa diction pourrait être plus précise dans les passages dialogués pour renforcer l’intelligibilité du texte.

Irina de Baghy et Clarisse Dalles, respectivement contralto et mezzo-soprano, apportent de la couleur et de la profondeur dans les parties féminines. Irina de Baghy déploie une voix chaleureuse, bien en place, mais parfois trop lourde dans certains passages, alors que Clarisse Dalles se distingue par une agilité vocale impressionnante, même si son interprétation manque parfois de l’intensité émotionnelle qu’exige le rôle.

Le Chœur des Frivolités Parisiennes, dirigé par Alexandra Cravero, fait honneur à l’œuvre par sa précision et son homogénéité. Néanmoins, dans les moments d’ensembles où l’humour et l’animation sont requis, le chœur semble manquer de vivacité et de légèreté. Là où Messager invite à la danse et à la fête, l’assemblée vocale paraît quelque peu retenue.

La captation sonore de B Records se distingue par sa clarté et sa finesse, permettant d’apprécier la texture sonore de l’orchestre et des voix. Cependant, le mixage favorise parfois les voix solistes au détriment de l’orchestre, ce qui, bien que mettant en avant les chanteurs, réduit l’impact de l’ensemble. De plus, certaines scènes collectives manquent de l’énergie et du relief attendus, avec un équilibre parfois un peu trop statique.

Cet enregistrement de Coup de Roulis met en lumière l’élégance et la richesse musicale de l’opérette de Messager. La direction d’Alexandra Cravero est impeccable, et les Frivolités Parisiennes rendent un hommage fidèle à l’œuvre. Cependant, certains choix interprétatifs manquent d'audace, notamment dans l'expression scénique et l'animation du chœur, ce qui rend l'ensemble un peu trop sage. Les solistes, bien qu’efficaces, n’atteignent pas toujours la légèreté et la théâtralité propres à l’opérette.

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